Nadine est devenue professeur par envie d'être en contact avec les jeunes
L'idée de devenir professeure m'est venue progressivement. Ce n'est pas mon 1er métier. J'ai été motivée par :
- le contact aux enfants-ado
- l'envie de faire découvrir le monde vivant et la Terre, d'exciter la curiosité des enfants, de les faire réfléchir, se poser des questions sur les problématiques actuelles, de les sensibiliser à la pollution, l'utilisation des ressources, la biodiversité...
- l'impression d'être utile à quelque chose et de favoriser l'émergence d'un monde meilleur en formant les futurs citoyens.
Je suis titulaire d’un Doctorat puis comme je n’ai pas trouvé de débouchés en Université pour enseigner, j’ai obtenu un Capes de Sciences de la vie et de la Terre.
Quelles compétences lui a apporté ce métier si varié ?
J'enseigne les sciences de la vie et de la terre. L'enseignement m'a appris à :
- observer et analyser les jeunes,
- me mettre à leur place pour réussir à les connaître, les comprendre,
- les considérer comme de jeunes citoyens en construction avec de grandes potentialités
- débloquer des conflits ado-adultes
- communiquer avec des mots justes
- être bienveillante envers les jeunes, même les plus difficiles
- enseigner des valeurs de respect vis à vis de l'humain et de la planète...
J'ai pu travailler la didactique et pratiquer de nombreuses techniques pédagogiques sous différentes formes : expérimentations, recherche, méthode scientifique, actualités, ateliers, sorties, remédiation... j'ai même participé à l'intégration d'élèves autistes au sein de mes classes.
Je considère avoir particulièrement réussi dans l'accompagnement des élèves en difficulté, dans ma capacité à communiquer dans la bienveillance et la positivité. J'ai pu créer des activités motivantes et mettre en place des techniques pour apprendre à apprendre, pour se concentrer ou pour bien vivre ensemble. Mes compétences ont maintenant largement dépassé mes seules compétences scientifiques initiales, m'ouvrant les champs de la pédagogie, de la psychologie et de la communication.
J'utilise quotidiennement les outils numériques, ordinateurs fixes, portables, tablettes, smartphone, en classe ou pour préparer mes séances à la maison. J'utilise tous les logiciels de bureautique (Microsoft, LibreOffice, Star Office) d'infographie, de communication en ligne, de création de sites et de nombreux petits logiciels spécifiques aux SVT. En classe, les élèves ont beaucoup d'activités sur ordinateurs portables. Certaines activités nécessitent aussi l'utilisation du smartphone.
A 45 ans, Nadine est épuisée par ce métier qu'elle n'imaginait pas si éprouvant au quotidien. Cela exige une énergie bien plus importante que d'être assis devant un ordinateur !
Toutefois, je suis actuellement en grande difficulté professionnelle pour plusieurs raisons très différentes.
1. J'ai l'impression d'être arrivée au top de ce que je pouvais faire en matière de pédagogie. Je connais les méthodes qui fonctionnent, mais on ne me donne pas les moyens ou les occasions de les mettre en oeuvre. J'ai donc une impression de travail impossible, d'objectifs impossibles à atteindre dans les conditions actuelles.
2. J'oublie tout ce qui ne concerne pas mes cours (réunions, paperasse administrative...). Je suis débordée par la multitude des tâches à réaliser hors cours. Cela m'empêche de me consacrer à ce que j'aime : créer des activités motivantes pour les élèves.
3. J'ai été dégoûtée par ma dernière inspection l’an dernier. Les conseils de l'inspectrice étaient en total décalage avec les réalités du collège et les volontés du chef d'établissement. Malgré ma fiche avec « excellent » presque partout, elle m'a fait des tas de reproches. Incompréhensible.
4. Le salaire est ridiculement faible : j'ai 45 ans, 15 ans de métier (j'ai fait d'autres métiers avant), je ne gagne que 1877,00 nets par mois en étant très impliquée dans la vie de mon établissement (Prof principale, membre du conseil d'administration, conseil pédagogique, présidente FSE...). Les marques de reconnaissance sont absentes. Il faut toujours faire plus et mieux. C'est presque du harcèlement !
5. Je suis devenue hypersensible au bruit. Les salles de classe sont devenues extrêmement bruyantes (niveau sonore très fréquemment à 85 décibels et plus, même en classe).
Résultats : Je n'ai plus envie d'aller au collège. J'improvise en permanence car je n'ai plus du tout envie de passer du temps pour les autres. J'ai l'impression que l'on m'a pompé toute mon énergie et ma motivation ! Je suis très énervée par toutes les décisions prises par les ministères et rectorat sans nous concerter, par la très mauvaise gestion des personnels et par le manque flagrant de moyens.
Que pourrait-elle faire d'autre, après prof ?