Florence : de Professeur des Ecoles à Enlumineuse
Vous avez été professeur. Quel a été l'élément déclencheur de votre envie d'évoluer professionnellement ?
« J’ai été professeur des écoles pendant 20 ans avec en filigrane constant l’envie de vivre autrement. Passionnée d’histoire, notamment médiévale, et d’art j’ai pris beaucoup de plaisir durant toutes ces années à aiguiser le regard, à développer le sens critique et la curiosité de mes jeunes élèves. Cependant plus les années passaient plus l’adaptation aux multiples réformes et contraintes du système scolaire m’était difficile.
Perfectionniste et anxieuse de nature, la charge de travail m’a écrasée au détriment de ma vie familiale et de mon équilibre jusqu’au point de rupture …
J’ai alors dû prendre une décision professionnelle alors que le simple fait d’entrer dans une école suscitait en moi une angoisse incontrôlable. »
Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir enlumineuse ?
« J’ai entrepris une formation de vitrailliste chez un maître verrier à Paris, formation et hébergement que j’ai pu financer grâce à la prime de départ allouée par l’Education Nationale. Malgré l’intérêt de cette formation j’ai rapidement déchanté devant les investissements qu’une installation nécessitait et le peu de chance d’intégrer un atelier en tant que salariée.
Passionnée d’enluminure depuis plusieurs années j’ai choisi de mêler ces arts qui bien que fort dissemblables ont une histoire parallèle. J’ai donc créé ma micro-entreprise d’enluminures en mai 2016. Je réalise depuis des enluminures que j’encadre de vitraux. »
En quoi ce métier peut-être une évolution professionnelle intéressante pour un professeur ? Y a-t-il des compétences, développées dans l'enseignement, qui vous ont servi pour réussir ?
« Le changement de rythme est radical. N’ayant pas d’atelier dévolu, je travaille chez moi et la passion est parfois dévorante. Il est nécessaire de se donner des limites. Les salons d’Art et les Concours font partie intégrante de la profession. Le dépôt des candidatures s’accompagne souvent de dossiers assez conséquents et le temps dévolu à la sélection de salons adaptés à mon activité, sans que le coût n’en soit prohibitif … ainsi qu’aux démarches administratives est loin d’être négligeable. Si vivre de son art est difficile, vivre de l’enluminure est particulièrement difficile.
Mes 20 années d’enseignement m’ont forgée à la pédagogie individualisée mais également à la gestion des groupes, à la prise de parole en public ainsi qu’au travail de rédaction. Ces compétences sont mises à profit dans mon activité : cours collectifs d’enluminure auprès d’associations, conférences sur l’Histoire de l’enluminure, le bestiaire médiéval…Intervention dans le milieu scolaire : power-point et ateliers (où mon angoisse n’est plus la même.) La prospection et la prise de contact font partie intégrante de mon activité. »
Quels conseils donneriez-vous à un professeur qui souhaite changer de métier en quittant les élèves ?
« Conseils : Il est indispensable de préparer le plus scrupuleusement possible sa reconversion. Si une formation est envisagée, se poser la question des débouchés, du financement d’une éventuelle installation et faire dans la mesure du possible une étude de marché. Dans le domaine de l’artisanat les Chambres de Métiers sont d’une aide précieuse. Attention, l’Artisanat d’art à ses particularismes qui ne sont pas toujours bien connus selon les régions.
Le rythme de vie est totalement bouleversé certes de façon positive mais attention de ne pas tomber dans l’idéalisme … Une activité artisanale demande du temps avant de devenir rentable, et ce d’autant plus que dans le domaine des Arts et les taxes s’alourdissent après trois ans d’activité. L’idéal est bien entendu que le foyer dispose d’un deuxième salaire …Dans le cas contraire il peut être plus sûr de conserver son poste d’enseignant ou d’avoir une activité salariée parallèle à mi-temps les premières années. »
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