Les infographies de l’Education nationale pour les professeurs des écoles tendent à montrer qu’un professeur sera bien payé pendant sa 1re année de titularisation, pourquoi ?
Lors de son année de stage, le diplômé d’un Master 2 qui devient professeur par concours touche 1891,51 € par mois bruts, soit 1.571,00 € nets par mois.
A la titularisation, le professeur des écoles touche net par mois :
- 1698,00 € en indiciaire
- Une prime d’attractivité de 157,00 €/mois qui durera jusqu'à l'obtention du 9e échelon en théorie.
- Une prime d’équipement informatique de 13,00 € par mois, qui, on s’en doute, ne permettra pas avant 8 ans de se payer un bon ordinateur…
- Une indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (ISAE) de 85,00€/mois
- S’ajoute la première année uniquement de titularisation, une prime d’entrée dans le métier d’un montant annuel de 1282,00 € soit un équivalent de 106,83 €/mois.
- Et s’ajoute aussi uniquement l’année de titularisation, une somme de 1787,00 € dite prime d’installation, soit un équivalent de 148,92 €/mois.
Soit, l’équivalent, au total, de 1953,00 € nets (le MEN annonce que c’est en fait 1924,00 € nets du fait d’une réduction du transfert primes-points) + 355,75 € nets/mois soit un total de 2179,75 € nets/mois.
Le problème arrive la 2e année !
La 2e année, il n’y a plus de prime d'installation, ni de prime d’entrée dans le métier, et la titularisation a coincé le professeur dans une affectation pour 10 à 15 ans sur un poste de Titulaire de Remplacement Brigade (TRB) ou de « Brigade ZIL » s'il est dans le 1er degré dans le département où il a obtenu son concours, ou a été parachuté à l'autre bout de la France, dans 75% des cas dans la partie Nord, dont 65% dans les académies les plus chères de France en pouvoir d'achat: Paris, Versailles, Créteil.
Donc dans 65% des cas, devenir professeur du 2nd degré avec Bac+5, c'est devenir pauvre, tellement le coût de la vie est élevé en région parisienne. Vivre dans un studette de 8 m2 difficile à trouver, colocation sans véritable intimité avec des inconnus en banlieue, location d'une chambre dans l'appartement d'une personne âgée, vie chez des amis d'amis pendant quelques mois avec le sentiment de déranger... vive le Master2 et la titularisation qui affecte à l'autre bout de la France par des mouvements dits "interacadémiques" où le lauréat victorieux d'un concours de moins en moins sélectif, est traité par un barème constitué de points fonction de son ancienneté, et pas de ses compétences ni de son rang de réussite au concours !
Dès la 1re année de titularisation, la galère commence...
Il sera difficile au professeur, qu'il soit du 1er ou du 2nd degré, de repartir avant 15 ans car sa hiérarchie fera tout pour s’opposer à sa démission, puisqu’il aura reçu des primes la première année, et que pour rentabiliser cette ressource humaine, la nécessité de service sera invoquée pour le bloquer dans ses envies de repartir, s’il ou elle découvre que ce métier ne lui convient pas.
Le professeur des écoles, en regard du professeur certifié ou agrégé qui enseignera en collège ou au lycée, se fait avoir, d’une certaine manière, puisqu’il aura nettement moins de possibilités que ces congénères professeurs diplômés eux aussi d’un Master 2, de compléter ses revenus.
Un professeur des écoles ne peut pas obtenir d’heures supplémentaires année (HSA) a contrario des professeurs de collège et de lycée.
Un professeur des écoles n’a pas accès aux « indemnités pour missions particulières » dont peuvent bénéficier les professeurs du 2nd degré.
Donc à partir de la 2e année, si le professeur des écoles ne veut pas gagner 355,75 € de moins en net/mois, il va falloir qu’il accepte de travailler plus dans les rares possibilités qui lui sont offertes.
Pour retrouver sans travaux supplémentaires, le salaire obtenu la première année en net, il faudra que le professeur attende plus de 15 ans d’ancienneté !
Et comme il a préféré un statut sécurisé, ce statut s’est refermé sur lui comme un piège, puisque les nécessités de service opposées par sa hiérarchie administrative lui refuseront toutes ses demandes : repartir par disponibilité pour convenance personnelles, obtenir un temps partiel ou un mi-temps, avoir le droit de démissionner, etc.
L'Education nationale en France souffre depuis 1881 d'un manque de flexibilité en terme de GRH
A l’heure des départs massifs en retraite, de très nombreux domaines d’activité vont recruter, avec une grande flexibilité, alors que la GRH et le mode de management de l’Education nationale vivent toujours au 20e siècle, avec un manque cruel de flexibilité.
Le calendrier de GRH national et académique est hyper rigide et fait qu’il faut demander 6 à 9 mois à l’avance, sans garantie d’aucune sorte de l’obtenir, son temps partiel, sa disponibilité, sa demande de détachement, sa démission…
Le professeur est le seul cadre diplômé d’un Master2 à être autant infantilisé, cadré, coincé, par une administration qui voudrait décider tout pour lui, et accepter son départ uniquement quand il n’en peut plus, et non pas quand il se sent en pleine forme pour repartir vivre autre chose en espérant être mieux payé.
Le voilà le défaut du système français, il perdure depuis 1881, plus de 142 ans d’absence de flexibilité.
Ce système arrange tous les syndicats, qui ont longtemps bénéficié d’un véritable privilège de « cogestion » des carrières ( = annoncer aux professeurs leur changement d’échelon, quel beau parcours de carrière que voilà), et de cogestion des opérations de mutation, en annonçant la mutation à leurs adhérents juste une ou deux semaines avant que l’administration leur en fasse part (quel "gain" phénoménal).
Ce système d’absence de flexibilité a toujours arrangé les syndicats car il coince les professeurs titulaires, la grande majorité des effectifs enseignants, pour ne pas les laisser repartir de sitôt.
Devenir professeur titulaire en France, c'est entrer dans une lutte perpétuelle pour multiplier les grèves d'une journée pour de meilleures conditions de travail et un meilleur salaire
Donc ça incite les professeurs coincés par leur statut à se mobiliser pour râler, pour perdre un jour de salaire ici et là par une grève pour demander de meilleurs salaires, une lutte sans fin. L'Education nationale recrute des Cadres Bac+5 que le système syndical mobilisera pour obtenir des forces vives pour alimenter la contestation sociale.
Les étudiants et salariés en reconversion, voire entrepreneurs, intéressés par le métier de professeur, ont tout intérêt à tester ce métier comme contractuels un an ou deux pour décider si vraiment c’est le métier le plus beau du monde, celui de leurs rêves et qu’il mérite bien d’accepter d’être payé 30 à 50% de moins qu’un cadre administratif dont on a exigé seulement Bac+3, ou 100% à 200% de moins qu’un cadre du privé qui a obtenu un autre Master2.
Rester contractuel 1 ou 2 ans, pour rester libre et flexible, libre de repartir si nécessaire vers autre chose, au lieu de se laisser coincer par un statut qui affecte, qui empêche, qui punit, qui limite, avec une sécurité d'emploi qui ne constituera plus un avantage dans une société profondément affectée par le papy boom, om de plus en plus de domaines se retrouvent en tension, en manque de candidats. La Fonction Publique Territoriale pleure de ne pas avoir assez de candidats, et de nombreux secteurs d'activité augmentent leurs salaires de départ pour arriver à recruter. Bientôt un serveur-barman ou un magasinier chez Amazon gagnera mieux sa vie qu'un prof.
Les attachés d'administration avec leur Licence sont 1,5 à 3 fois mieux payés tous les mois avec leurs primes fixes et variables, qu'un professeur avec son Master2
Et d’année en année, l’OCDE informe les professeurs en France qu’ils continuent de reculer dans me classement européen des rémunérations. Cela fait plus de 3 décennies que les gouvernements ont lâché les professeurs, en les payant nettement moins que les personnels administratifs qui ont des primes statutaires à des lieues de ce qu’un professeur obtient pour des travaux toujours supplémentaires, et toujours insuffisamment rémunérés.
La comparaison de cette catégorie A avec d’autres corps de catégorie C et B est éloquente
En comparaison, avec un Brevet des collèges (niveau Bac – 3), un adjoint territorial catégorie C de la fonction publique territoriale touche 1.649,01 € au 1er échelon une fois titularisé, avec des primes meilleures que celles offertes comme professeur en-dehors des primes d’installation.
Un rédacteur territorial en catégorie B niveau Bac seulement, touchera lui 1513,21 € au 2er échelon (moins que catégorie C, curieux, n’est-ce pas ?
Un adjoint d’animation qui a le niveau BAFA touchera 1.649,01 € et un animateur, niveau Bac, avec son BPJEPS, touchera au 1er échelon en catégorie B, 1.522,91 €.
La différence entre le professeur recruté Bac+5 et ces catégories de fonctionnaires nettement moins diplômés que lui, en mensuel brut indiciaire, n’est pas énorme, et c’est ce qui est choquant dans la rémunération des professeurs dont on exige depuis 2010 un Master 2 :
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Adjoint administratif cat.C niveau DNB |
Animateur territorial niveau BAC cat.B |
Professeur des Ecoles Niveau MASTER 2 cat.A |
Différence en regard de professeur cat.A/cat.B |
1er échelon salaire brut |
1.649,01 € |
1.522,91 € |
1.891,51 € |
+368,59 € bruts/mois |
5 ans plus tard, salaire brut |
1.687,81 € |
1.624,76 € |
2.235,87 € |
611,11 € bruts/mois |
10 ans plus tard, salaire brut |
1.716,91 € |
1.736,31 € |
2.386,22 € |
649,91 € bruts/mois |
15 ans plus tard |
1.760,56 € |
1.799,36 € |
2.701,47 € |
902,11 € bruts/mois |
20 ans plus tard |
1.852,71 € |
1.940,01 € |
2.861,52 € |
921,51 € bruts/mois |
Différence 1 à 20 ans |
+203,70 € en 20 ans |
+417,10 € en 20 ans |
+970,01 € bruts/mois |
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En 20 ans d'ancienneté, un professeur titulaire ne gagne que 970,01 € par mois de plus, qu’il s’agisse d’un professeur des écoles ou d’un professeur certifié, puisqu’ils ont la même grille indiciaire. Il suffit de considérer l’inflation 2022 et l’inflation quasi certaine en 2023 qui atteindra au moins 7% voire plus, pour deviner que dans 10 ans, ceux devenus récemment professeurs titulaires, auront vu leur rémunération se dégonfler encore et encore.
La France est prisonnière de ce Ministère pléthorique, premier budget de l’Etat, avec une masse de 867.000 professeurs qu’il est impossible d’augmenter tous en même temps.
Toutes les augmentations ne sont que partielles, juste des saupoudrages et tellement médiatisées à chaque fois, que le professeur passe presque pour un précaire dans les 20 premières années de sa carrière, alors qu’il aurait pu avoir un bel avenir de cadre partout ailleurs.
Ce diplômé Bac+5 s’est fortement investi intellectuellement, et se retrouve avec un ministère quasi stalinien dans son mode de fonctionnement managérial qui ne valorise pas son investissement intellectuel, préférant mieux payer les ouvriers, quasiment.
Un ministère quasi stalinien quand on observe depuis plus de 140 ans le mode de management : le professeur est infantilisé dans toutes ses demandes !
Tout quasiment peut lui être refusé, on lui dénie le droit à disposer de lui-même malgré la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui proclamait ce droit.
Tout au plus peut-il obtenir de droit une disponibilité en cas de conjoint muté (et les célibataires peuvent donc aller se faire voir), ou d’une disponibilité de droit pour enfant de moins de 12 ans (et ceux qui n’ont pas d’enfants peuvent donc aller se faire voir).
Le professeur obtient son Master2 et un concours sélectif (mais de moins en moins sélectif ces dernières années, avec parfois plus de postes à pourvoir que d’admissibles, et on s’étonne que les élèves ont un niveau en perte de vitesse, à donner envie de réformer encore et encore l’école, le collège, le lycée…).
Combien de fois chacun de ces niveaux de la scolarité a-t-il été réformé depuis 20 ans ? Combien de fois les ministres ont changé les programme de l’école, du collège, du lycée ? C’est incalculable… Combien ont coûté toutes les réformes inutiles, comme celle du Master 2 qui a réduit l'attractivité du métier, alors que ces milliards auraient pu augmenter les revenus des professeurs ?
Comme si tout reposait seulement sur les programmes pour que les résultats s’améliorent, alors que ces programmes, conçus par des Inspecteurs Généraux qui n’enseignent plus depuis belle lurette, sont conçus pour 36 semaines de cours, alors qu’il est impossible d’enseigner 36 semaines. Les professeurs sont tout le temps sous pression à tenter de faire tout le programme, tout le temps sous les injonctions d’inspecteurs qui ne leur pardonnent rien.
Ce système ne peut pas durer si le système de l’Education nationale veut continuer d’être attractive pour des bac+5 payés comme des Bac à Bac+2.
Un professeur achète sa maison à restaurer, sa voiture d’occasion, a souvent un découvert à partir du 15 du mois, va en vacances chez ses parents ou des amis ou en camping, n’a pas de comité d’entreprise, pas de voiture de fonction ni d’ordinateur de fonction, c’est juste un cadre en précarité les 15 à 20 premières années de sa carrière dans un ministère où les effectifs sont beaucoup trop importants de la manière dont ils sont gérés.
Dans les pays voisins qui les paient 1,5 à 3,5 fois mieux (Luxembourg, Belgique, Allemagne, Suisse) et au-delà (Canada, Etats-Unis), les professeurs peuvent donner un préavis d’un mois et partir travailler ailleurs. En France, le système les bloque, les empêche de vivre leur vie professionnelle comme ils l’entendent. Ce système n’est plus du tout adapté aux attentes des jeunes et des moins jeunes en reconversion.
Le professeur a nettement moins de primes statutaires (primes touchées sans travail supplémentaire, juste des primes liées à son grade) que les autres grades des corps administratifs, même en catégorie C !
Primes des adjoints administratifs titulaires cat.C : elles sont nettement plus diversifiées et nombreuses que pour n’importe quel professeur.
Les primes des animateurs territoriaux titulaires cat.B sont nettement plus importantes que n’importe lesquelles des primes des professeurs des écoles.
Tu consulteras avec attention les primes de la Fonction Publique de l’Etat dans l’Education nationale pour les personnels administratifs. Pour reprendre l'expression de Jean CASTEX, ancien Premier Ministre "les personnels administratifs sont choyés". (mais pas les professeurs de ce pays).
Ainsi, un attaché d’administration recruté Bac+3 touchera un salaire avec ses primes de 50% de plus que tout professeur, et avec la Prime de fonction et de résultats (PFR) devenue le RIFSEEP, il peut gagner 100 à 200% de plus qu’un professeur tous les mois. Le montant de sa prime étant liée au respect de la feuille de route académique qui peut être de refuser le plus possible de démission de professeurs. L’administration achète d’une certaine manière l’absence d’états d’âme de ses agents administratifs de haut niveau, très bien payés pour accepter de refuser toutes les demandes des professeurs sans éprouver de sentiments particuliers d’injustice ou de pitié quelconque pour ces professeurs frustrés.
Si le professeur des écoles semble gagnant au niveau indiciaire, il est perdant au niveau de la rémunération globale indices + Primes au moins jusqu’à 20 ans d’ancienneté.
Alors qu’il aura obtenu 5 années d’études en plus, au moins.
Certes, il y a dans l’Education nationale des « rémunérations supplémentaires » pour les PE, qui ne bénéficieront pas à tous les PE. C’est donc une forme de trompe l’œil puisque pas uniforme.
Professeur en REP est éprouvant psychologiquement, il faut être solide, les journées sont épuisantes.
C'est pour cette raison que AIDE AUX PROFS a créé le portail de PREVENTION DU METIER DE PROFESSEUR: DEVENIR PROF.
Nous conseillons à tout aspirant au métier de professeur de réaliser cet AUTO-BILAN GRATUIT de notre conception, en 15 étapes, pour évaluer si le métier est ou non fait pur lui/elle.
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Pas besoin de ton CPF, c'est GRATUIT. En ligne sur ce site, rien que pour toi, aspirant au métier de professeur. Un métier devenu complexe, parfois usant. Pense à ta santé personnelle, à ton développement personnel. Enseigner dépend de l'affectation. Dans certains établissements, tu seras gendarme, assistante sociale, éducateur, psychologue tout en tentant de faire ton métier de prof... tellement les élèves sont difficiles.
Professeur spécialisé est aussi un métier épuisant. La rémunération par année est-elle à la hauteur de l’investissement physique et psychologique ?
Directeur d’école : Tous les professeurs des écoles qui nous ont contactés depuis 16 ans nous disent passer en moyenne 20h de travail par semaine à la charge de directeur d’école.
Soit 720h par an pour gérer toutes les problématiques possibles et imaginables, prévues ou non, d’un directeur d’école. Payé 2.659,00 €/an soit 3,69 €/heure consacrée. Soit 3 fois moins que le SMIC horaire, en fait. Juste de l’exploitation.
Consulte toutes les grilles indiciaires des professeurs
Voilà les grilles indiciaires des :
Et le détail des primes ?
Tu remarqueras que le montant payé de tes heures supplémentaires ne dépend pas de l’heure que tu y passes, mais de ton grade, et que tout est conçu par grade dans l’Education nationale, du niveau auquel tu interviens, et pas du tout du temps que tu y passes, et de l’investissement que tu y consacres.
Professeur paie nettement moins que bon nombre de corps dans les 3 fonctions publiques de catégorie A, tous accessibles avec Bac+3, pourquoi ?
Il faudrait demander cela au Ministre (2009-2012) qui a décidé d’élever le niveau d’entrée dans le métier d’enseignant au niveau d’un master2 + Concours, pour savoir quel était son objectif de l’époque. Les salaires n’ont pas été revalorisés suffisamment en regard des efforts imposés de 2 ans d’études en plus et 2 années de financement de loyer et de charges en plus.
Bilan de la situation de la France ? Elle paie très mal ses professeurs, au niveau où elle a voulu absolument les recruter depuis 12 ans: Bac+5
Cela coûte moins cher de pousser tes études jusqu’à une Licence, de regarder ensuite le portail SCORE si tu veux absolument devenir fonctionnaire, de comparer les échelles indiciaires de tous les corps (catégories C, B et A) et des grades de tous les ministères, puis d’aller consulter tous les guides des primes, avant de te précipiter à devenir professeur juste parce qu’on te dit que c’est le métier le plus beau du monde (s’il l’était, il n’y aurait pas 40% dans les dernières enquêtes de Carrefour Social-UNSA à vouloir le quitter si c’était possible) :
Fonction Publique Territoriale
Fonction Publique Hospitalière
Professeur, un métier qui ne cesse d’en perdre, négligé depuis 30 ans par tous les gouvernements quelle que fut leur couleur politique
Professeur est un beau métier, mais de plus en plus mal payé en France, et l’année 2022 n’a pas démenti cette évolution puisque si le point d’indice a été augmenté de 3,5% pour tous les fonctionnaires, les professeurs ont perdu encore 3,5% de pouvoir d’achat en 2022 avec une inflation qui a culminé à 7% fin de décembre 2022.
Ils ont déjà perdu plus de 30% de pouvoir d’achat depuis 30 ans, et le seul remède que leur propose ce ministère de l’Education nationale, premier budget de l’Etat, c’est de « travailler plus pour gagner plus ».
En travaillant comme salariés dans le privé dès la Licence, avec tous les postes qui se libèrent actuellement dans tous les domaines au niveau Cadre Bac+5, ils pourraient déjà gagner 2.500,00 nets au moins par mois en début de carrière (ce qu’ils obtiennent au bout de 20 ans d’enseignement) et plus de 3.500,00 € nets/mois avec de nombreux avantages sociaux, au bout de 10 à 15 ans de carrière (ce qu’ils atteindront difficilement au bout de 35 ans de carrière, l’accès à ce type de rémunération n’étant possible qu’au compte-gouttes des hors classes et des classes exceptionnelles, qui supposent de « faire de la lèche » auprès de sa hiérarchie, en se faisant remarquer le plus possible d’un inspecteur pour obtenir la meilleure note possible).
La France a 30% de pouvoir d’achat à faire rattraper à ses professeurs mais n’en a pas les moyens. Certains diraient que « ça coûterait un pognon de dingue ». Mais qu’est-ce qui coûte le plus cher : de recruter des professeurs en job dating qui n’ont plus le niveau, et feront baisser le niveau des élèves, ou de recruter toujours des professeurs fonctionnaires quel que soit leur niveau, en leur imposant aux examens (DNB, BAC, concours PE, concours Capes, Concours Agrégation) de relever les notes des jurys pour que le cru de l’année soit toujours meilleur que le précédent ?
Les 80% d’une classe d’âge au niveau du Bac, a été obtenu de cette manière, pour tenter d’enrayer la courbe du chômage, et qu’il y ait de plus en plus de jeunes en formation plutôt qu’au chômage. Résultat ? Le turn-over en première et deuxième année d’université atteint parfois les 50%.
Mais là, nous sommes au cœur du papy boom et pour de longues années : jusqu’en 2045 !
En Janvier 2019, Rémi BOYER a publié ses intuitions dans le "TROIS EN UN" de l'association AFAE (Association Française des Administrateurs de l'Education) constituée de Directeurs d'administration, de Chefs de Service, d'Administrateurs Civils, de Recteurs, d'IA-IPR, d'IEN, de chefs d'établissement.
Prends le temps de lire son argumentaire. Nous sommes actuellement arrivés en plein dedans et aucun haut fonctionnaire, aucun gouvernement ne l'a anticipé. Tous ont attendus d'être "pris de court".
Quel est l’état démographique des effectifs enseignants actuellement ?
Nous avons produit ce tableau à un DGRH de l’Education nationale en 2018 avec nos prévisions pour les 10 à 20 ans qui viennent. Chaque fois, il y a eu d’abord un déni, et au bout de quelques minutes un… « vous avez raison ». Le système manque de transparence sur la réalité de la crise démographique actuelle, et elle est grave.
Il manquera toujours des professeurs et de plus en plus de 2023 à 2045, tellement les départs en retraite des professeurs sont importants
La France a un problème : elle ne sait pas rendre le métier attractif, la hiérarchie a sévi sur le professeurs pendant des décennies en les traitant comme des enfants, leur refusant toute flexibilité tout au long de l’année, comme si leur concours les avait jetés dans un Quartier de Haute Sécurité, et le résultat est là : le métier n’attire plus.
C’est clair, il faut changer de système de management, car l’actuel est beaucoup trop rigide, intraitable, à multiplier les nécessités de service pour empêcher le maximum de projets. Il faut changer de système de GRH, en permettant aux chefs d’établissement d’estimer eux-mêmes leurs besoins en effectifs, et de recruter eux-mêmes tout en décidant eux-mêmes des effectifs contractuels et titulaires dont ils ont besoin d’une année sur l’autre.
Il faut apporter un maximum de flexibilité, et en finir avec cette conception surannée d’une fonction publique majoritairement constituée de professeurs titulaires, juste pour plaire aux syndicats qui y puisent toutes leurs forces, payées en décharge, et privant les élèves de professeurs expérimentés.
Et la Première Ministre de France a raison, Elisabeth BORNE: ce serait bien que les administrations respectent les lois: pourquoi les décrets du 31.12.2019 sur l'indemnité de rupture conventionnelle indiquent que cela fait l'objet d'une négociation, alors que systématiquement, chacune des 30 académies ne laisse aucune choix aux demandeurs dont elle accepte la demande (à peine 15% en 2022 des demandeurs), en leur imposant le taux plancher ?
La Loi DUSSOPT, une fois de plus, a fait miroiter des promesses qu'elle tient mal.
Il y a fort à parier que la réforme des retraites de 2023 ne tiendra pas plus se promesses que la réforme de retraites de 2003 qui avait promis des secondes carrières aux professeurs dans son article 77, et que l'on attend toujours...
Si l'Etat, si les majorités au pouvoir des gouvernements qui se sont succédé depuis 2003 avaient tenu leurs promesses de cette loi de 2003 qui a allongé de 4,5 ans les carrières des salariés, AIDE AUX PROFS n'aurait jamais existé.
Mais l'Education nationale a tardé, a occupé ses hauts fonctionnaires à brasser du vent pendant 20 ans avec un dispositif de "secondes carrières", qui n'a pas créé de postes jusqu'en 2020 au moins, et qui en est à 10% de l'objectif fixé par Dominique DE VILLEPIN en 2006: "1.000 postes par an", nous disait ce grand monsieur.
Alors les promesses de la réforme des Retraites de 2023, il n'y aura que les syndicats pour y croire, eux qui reçoivent de l'Etat les moyens de fonctionner (décharges et subventions), et doivent forcément, à un moment, signer, même si c'est une minorité de salariés qui adhèrent dans leurs organisations.
Au final, ce sont toujours les travailleurs qui se font avoir sur toute la ligne.
C'est ce que l'on appelle "notre belle et juste démocratie".
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