Voilà la différence majeure entre le professeur contractuel et le professeur titulaire par concours: la FLEXIBILITE.
Par son concours, l'étudiant ou le salarié en reconversion sera coincé dans un système managérial qui lui refuse beaucoup trop souvent ses demandes de congé formation, de mi-temps, de temps partiel (surtout s'il est célibataire ou que ses enfants ont plus de 3 ans), de détachement hors enseignement, de disponibilité, de démission ou de rupture conventionnelle.
Ceux devenus professeurs par concours sont dans la majorité des cas déracinés de leur commune de résidence, pour les professeurs de collège et de lycée, pour être affectés à l'autre bout de la France dans les académies les plus demandeuses de professeurs, là où gagner un salaire de professeur les place immédiatement dans une situation de précarité, même à Bac+5: CRETEIL, VERSAILLES, PARIS.
Loyers élevés, embouteillages fréquents, vols et délinquance plus importants que partout ailleurs en France, prix élevés de l'alimentation et de tous types de services et de produits, puisque c'est la capitale où près de 20% de la population française est concentrée.
Le professeur contractuel, lui, n'est pas coincé: il part quand il veut, pas coincé par un statut rigide. Il n'est pas coincé par les nécessités de service. 12 mois sur 12, quand il en assez du métier de professeur, qu'il l'ait aimé ou non, il lui suffit de rompre son contrat en adressant par courtoisie un préavis 1 à 3 mois d'avance à son administration.
Cela lui permet de saisir toute opportunité professionnelle, et elles sont de plus en plus nombreuses dans la société du plein emploi qui a commencé, et s'explique uniquement démographiquement du fait de nombreuses classes d'âge partant en retraite, et ce mouvement puissant va durer au moins 20 ans.
L'Education nationale manquera de professeurs tant qu'elle ne facilitera pas dans sa gestion RH plusieurs possibilités de partir en cours d'année scolaire. Nous avons proposé en mai 2014 à Yannick TENNE, alors Directeur-adjoint de Cabinet de la Ministre George PAU-LANGEVIN, ce processus tout-à-fait envisageable de mobilité en cours d'année des professeurs. Mais à l'époque, déjà, il était question de manque d'attractivité du métier de professeur, et notre proposition est restée lettre morte.
Lorsqu'un nouveau professeur, autrefois salarié dans le privé, s'aperçoit au moment où il voudrait repartir, qu'il est coincé, que son administration lui brandit une "nécessité de service" pour l'empêcher de repartir, il se sent prisonnier, comme "piégé". Et surtout, infantilisé, malgré son Master2.
Cette gestion RH d'une autre époque, celle où syndicats et ministères répétaient à qui mieux mieux que "le métier le plus beau du monde est un engagement à vie", ne répond plus du tout aux aspirations actuelles de ceux tentés de devenir professeurs. Et le nombre de candidats se tarit dans les concours, malgré les tentatives de les multiplier dans l'année.
La gestion RH doit aller beaucoup plus loin, ans sa proximité affichée, en facilitant les mobilités de ceux qui veulent la réaliser. Depuis 17 ans, AIDE AUX PROFS a formulé de nombreuses propositions en ce sens, à un système plus habitué à verrouiller les portes de sorties qu'à les ouvrir.
Un grand défi s'ouvre à la RH de l'Education nationale: arriver à ouvrir autant les portes d'entrée que les portes de sortie. Le job dating est une entrée trop brutale, avec un manque de formation. La formation lourde des INSPE ne convient plus aux enjeux actuels. Et il est étonnant que tous les hauts fonctionnaires en charge de la gestion des statistiques annuelles des départs en retraite n'aient pas anticipé ce qui se produit actuellement.
Pourtant notre association avait prévenu à plusieurs reprises qu'à partir du quinquennat 2017-2022, il y aurait des difficultés à recruter des professeurs, et que sans politique de flexibilité, la pénurie perdurera.
DEVENIR PROFESSEUR : AVANTAGES ET CONTRAINTES |
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PROFESSEUR PARTICULIER (SOUTIEN SCOLAIRE) |
PROFESSEUR CONTRACTUEL |
PROFESSEUR PAR CONCOURS PRIVE SOUS CONTRAT |
PROFESSEUR PAR CONCOURS PUBLIC |
LIBERTE D’ACTION |
Totale. Autonomie garantie.
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Peut rompre son contrat à tout moment de l’année pour accepter un poste proposé ailleurs. N’est pas bloqué comme les titulaires par son DASEN ou son Recteur invoquant une nécessité de service.
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Coincé(e) par son statut. La nécessité de service peut refuser au professeur sa demande de temps partiel, de mi-temps (sauf de droit), de disponibilité (sauf de droit), et même de démission avec ou sans IDV. |
Coincé(e) par son statut. La nécessité de service peut refuser au professeur sa demande de temps partiel, de mi-temps (sauf de droit), de détachement, de mise à disposition, de disponibilité, et même de démission avec ou sans IDV.
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REVENU BRUT |
Variable, car clientèle de parents à constituer. Peut espérer entre 25,00 € et 50,00 €/h en fonction de sa discipline et du niveau d’enseignement.
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Peut négocier son salaire dans la fourchette des indices 321 à 821. C’est d’autant plus facile s’il vient du privé et peut produire des bulletins de salaire qui permettent de le positionner directement sur son ancien revenu, ou au plus proche.
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Coincé(e) par son échelle indiciaire qui avance comme un escargot dans le cadre de la réforme des PPCR.
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Coincé(e) par son échelle indiciaire qui avance comme un escargot dans le cadre de la réforme des PPCR.
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PRIMES |
Aucune |
Liées à son activité et aux HSE et HSA qu’il accepte de réaliser, à un taux inférieur aux titulaires.
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Liées à son activité et aux HSE et HSA qu’il accepte de réaliser, à son taux statutaire. |
Liées à son activité et aux HSE et HSA qu’il accepte de réaliser, à son taux statutaire. |
FLEXIBILITE |
Totale, accepte tout type de travail en free-lance, CDD ou CDI à tout moment de l’année |
Totale, accepte tout type de travail en free-lance, CDD ou CDI à tout moment de l’année. Ne peut pas être bloqué par une nécessité de service puisque non titulaire.
Peut donc réaliser sa mobilité 365 jours sur 365 s’il est bien décidé à partir, n’ayant pas de sécurité d’emploi pour le retenir.
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Coincé(e) par son statut d’assimilé fonctionnaire. Souvent empêché de partir en cours d’année par nécessité de service.
Peut réaliser sa mobilité 1 jour sur 365 : au 1er septembre. |
Coincé(e) par son statut de fonctionnaire. Souvent empêché de partir en cours d’année scolaire par nécessité de service.
Peut réaliser sa mobilité 1 jour sur 365 : au 1er septembre. |
MUTATION |
Aucune, il fait ce qu’il veut |
Aucune, il va d’un contrat à l’autre, et comme le métier de professeur est en pénurie, il est certain de retrouver un emploi à l’année là où il veut déménager. Il obtient souvent des postes en centre-ville, à l’année. Souvent l’académie qui le recrute le paie 10 mois puis il s’inscrit à Pôle emploi les 2 mois d’été. Peut bénéficier d’un meilleur régime au fil de son ancienneté.
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Difficile, il faut prospecter les établissements et être reçu(e) par le chef d’établissement qui choisit, en fonction d’une habilitation accordée en amont par l’autorité diocésaine. |
De plus en plus difficile, avec des barèmes qui ne tiennent pas compte des compétences. Juste de la situation de famille, des enfants, des échelons acquis, de l’ancienneté en poste et de quelques autres critères, et du temps passé dans un établissement difficile (REP, REP+, etc.) ou comme remplaçant (TZR). Il faut passer plus de 15 ans en poste dans les académies de Versailles et de Créteil avant de pouvoir en repartir, alors que le niveau de vie y est élevé, et que les professeurs s’y sentent de plus en plus pauvres.
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SECURITE DE L’EMPLOI |
Aucune, doit sans cesse se mettre en quête d’une nouvelle clientèle pour assurer ses revenus. |
Relative, car peut renouveler son contrat. Du fait de la pénurie de professeurs notamment dans certaines disciplines scientifiques, le contractuel peut se permettre de refuser les affectations qui lui déplaisent, ou peut s’extirper facilement d’une situation de souffrance au travail liée à un management anxiogène.
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Totale, mais face à une situation de harcèlement hiérarchique, n’aura comme échappatoire que de se voir prescrire un congé maladie, en attendant de voir sa mutation réussir ailleurs, puisque son harceleur sera très rarement sanctionné. |
Totale, mais face à une situation de harcèlement hiérarchique, n’aura comme échappatoire que de se voir prescrire un congé maladie, en attendant de voir sa mutation réussir ailleurs, puisque son harceleur sera très rarement sanctionné. |
EVOLUTION DE CARRIERE POSSIBLE
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Ne se pose pas en ces termes. Fait ce que bon lui semble.
Peut décider de donner des cours de soutien scolaire en Suisse, ou ailleurs... |
Ne se pose pas en ces termes. Fait ce que bon lui semble. Négocie son salaire comme bon lui semble, propose ses services au plus offrant. La Belgique, la Suisse, le Luxembourg, l’Allemagne, vont aussi manquer de professeurs dans les 25 ans qui viennent. Les revenus y sont 2.5 à 3.5 fois supérieurs. Les conditions de travail et de valorisation souvent meilleures.
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Limitée. Un professeur des écoles peut devenir professeur en collège. Il peut passer le concours d’IEN. Il peut demander s’il est en collège ou en lycée à changer de discipline s’il en a les compétences, à faire évaluer par un IA-IPR de la discipline visée.
Il peut évoluer vers un INSPE. Tenter un concours ITRF ou tout autre type de concours externe ou interne, administratif.
Un professeur certifié peut devenir professeur des écoles, mais plus de 50% des PE passé leurs 35 ans ont des problèmes TMS et ils sont plus de 65% après 50 ans. Ce n’est donc pas une voie d’évolution professionnelle pour eux. Il pourra passer le concours de chef d’établissement, beaucoup l’obtiennent par défaut d’autre chose, ce qui en dit long sur la qualité du management dans les collèges et les lycées, et les effets possibles sur la souffrance au travail des équipes à piloter.
Il demeure impossible à un professeur certifié ou en classe exceptionnelle de passer le concours d’IA-IPR comme les agrégés, même s’il a d’excellents états de service. Cela prouve une fois de plus l’extrême rigidité du système de l’Education nationale où le concours prévaut toujours sur les compétences acquises tout au long de la vie. Il peut évoluer vers un INSPE. Tenter un concours ITRF ou tout autre type de concours externe ou interne, administratif.
Le professeur agrégé peut évoluer du collège vers le lycée, demander des CPGE, aller enseigner en BTS, à l’INSPE, à l’Université comme PRAG.
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Limitée. Un professeur des écoles peut devenir professeur en collège. Il peut passer le concours d’IEN. Il peut postuler en détachement mais sera souvent bloqué par une nécessité de service. Il peut évoluer vers un INSPE. Tenter un concours ITRF ou tout autre type de concours externe ou interne, administratif.
Un professeur certifié peut devenir professeur des écoles, mais plus de 50% des PE passé leurs 35 ans ont des problèmes TMS et ils sont plus de 65% après 50 ans. Ce n’est donc pas une voie d’évolution professionnelle pour eux. Le détachement demeure possible, la mise à disposition aussi, mais ces postes ne sont pas stables, il n’est pas possible de s’y intégrer. Il pourra passer le concours de chef d’établissement, beaucoup l’obtiennent par défaut d’autre chose, ce qui en dit long sur la qualité du management dans les collèges et les lycées, et les effets possibles sur la souffrance au travail des équipes à piloter.
Il demeure impossible à un professeur certifié ou en classe exceptionnelle de passer le concours d’IA-IPR comme les agrégés, même s’il a d’excellents états de service. Cela prouve une fois de plus l’extrême rigidité du système de l’Education nationale où le concours prévaut toujours sur les compétences acquises tout au long de la vie. Il peut évoluer vers un INSPE. Tenter un concours ITRF ou tout autre type de concours externe ou interne, administratif.
Le professeur agrégé peut évoluer du collège vers le lycée, demander des CPGE, aller enseigner en BTS, en INSPE, être recruté en détachement.
Toutefois, au-delà de l’échelon 8 de leur corps, Aide aux Profs constate que les professeurs des écoles, les professeurs certifiés, et l’échelon 7 de leur corps pour les professeurs agrégés ont peu de chances d’être recrutés en détachement par une association agréée par l’Etat ou par un Etablissement public car ils coûtent « trop cher » en regard d’un contractuel avec un Master 1 ou 2 qi acceptera d’être payé au SMIC (soit 2 à 4 fois moins selon l’indice atteint par le titulaire).
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LOI DUSSOPT |
Ne le concerne pas |
Lui proposera des contrats de 2 à 6 ans, qu’il pourra décider de rompre à tout moment pour accepter un poste là où il aura décidé d’aller, hors enseignement.
Il pourra évoluer professionnellement 365 jours par an.
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Sera coincé(e) par son statut, puisque les contractuels obtiendront aisément des établissements de centre-ville et pourront négocier leur salaire.
Les nécessités de service le bloqueront dans sa mobilité tout au long de l'année, les contractuels lui rafleront sous le nez les plus beaux postes.
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Sera coincé(e) par son statut, puisque les contractuels obtiendront aisément des établissements de centre-ville et pourront négocier leur salaire.
Les nécessités de service le bloqueront dans sa mobilité tout au long de l'année, les contractuels lui rafleront sous le nez les plus beaux postes.
Il est fort probable qu’il ne trouvera plus de poste en détachement, puisque la tentation sera forte parmi les établissements publics, les ministères et les collectivités, de requalifier les postes de détachés en postes de contractuels pour réaliser des économies.
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BILAN |
AIDE AUX PROFS, face à ce que promet la Loi DUSSOPT, observe qu’il va devenir plus intéressant de devenir professeur contractuel sous forme de contrats renouvelables, car ce sera la seule possibilité, dans une France qui retrouve progressivement le plein emploi (variable selon les départements), et dans les trois fonctions publiques qui pourront recruter des contractuels sur tout emploi de catégorie C, B, A et A+, de réaliser son évolution professionnelle tout au long de l’année, sans en être empêché(e) par une quelconque nécessité de service.
Ce sera la garantie pour le professeur de ne plus avoir à subir un management toxique, puisqu'il pourra partir quand il veut.
Ce sera la garantie de pouvoir réaliser rapidement sa mobilité vers un emploi plus rémunérateur, moins épuisant, si le professeur en ressent le besoin. Notamment pour mieux bénéficier des effets de la réforme des retraites promise par le Gouvernement, avec des primes nettement plus importantes en administration qu’en restant professeur.
Ceux qui souhaiteront toujours devenir fonctionnaires ou assimilés, continueront à tenter des concours dont le nombre de poste va se réduire, pour restaurer une meilleure sélection, et aussi dans l’objectif de l’Etat de réduire sa masse salariale sur le très long terme, puisqu’une carrière complète dans le cadre de la prochaine réforme dépassera les 44 ans.
A vous de choisir : la liberté sans sécurité de l’emploi, ou le carcan avec la sécurité de l’emploi. |
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