C'est la première fois depuis notre création en 2006 que nous constatons la publication en accès libre sur le web en septembre 2022 du Panorama statistique des personnels de l'enseignement scolaire pour l'année 2021-2022, nous permettant de dresser un état des lieux de la situation actuelle des professeurs au travail, et de leurs perspectives.
Nous saluons cette démarche de transparence de la part du Gouvernement.
Ce qui ressort, c'est la perspective de fins de carrières difficiles, bien au-delà de l'âge de 64 ans, d'après la moyenne d'âge des lauréats des concours.
Devenir professeur en 2023, c'est désormais anticiper le reste de ta vie dès l'entrée dans le métier d'enseignant
AIDE AUX PROFS, association forte de 17 ans d'expérience d'analyse des compétences transférables pour entreprendre une seconde carrière après professeur, a progressivement développé une réflexion sur les facteurs de répulsion du métier de professeur, au fil de la politique contre-productive qui s'est produite depuis les années 2000 et au moins jusqu'à la rentrée 2019.
Pendant 20 ans, les Ministres ont conforté les hauts fonctionnaires dans leur volonté de "mettre au pas" ces bataillons d'enseignants, appelés par certains ministres comme Vincent PEILLON, les "hussards noirs de la République", comme une nostalgie du statut des professeurs, véritables exécutants sous la IIIe République.
A partir de 2010, sous le quinquennat du Président de la République Nicolas SARKOZY, qui a eu pour objectif de réduire le nombre de professeurs (- 80.000 postes entre 2007 et 2012 avec la RGPP), l'accès au statut de titulaire par concours a été élevé au niveau d'un Master2, lors que tous les autres concours de catégorie A des trois fonctions publiques demeuraient au niveau d'une Licence3, à l'exception des concours ITRF d'ingénieur d'études et d'ingénieur de recherches des universités.
Le Panorama statistique de la DEPP de septembre 2022 apporte un éclairage intéressant sur les effets directs de cette décision depuis 10 ans, résumé par cet extrait d'un tableau. L'objectif de l'élévation du niveau du concours à Bac+5 était de "revaloriser la formation des enseignants". Mais financièrement, la revalorisation n'a pas été suffisante en regard de ces 2 ans de formation exigibles en plus.
En 2021, d'après cet extrait du Panorama statistique de la DEPP de sept. 2022, la réforme du Master2 montre que l'âge d'entrée dans le métier (professeurs du 1er degré) s'effectue entre 28,3 ans (professeurs du 2nd degré) et 28,4 ans (professeurs du 2nd degré) pour ceux qui ont obtenu le concours externe.
Une entrée plus tardive dans le métier, c'est la garantie de ne pas avoir cotisé tous les trimestres requis pour partir à l'âge légal de 64 ans, puisque ceux entrés vers 28,3 ans auront travaillé au mieux 36 ans parvenus à cet âge, et ceux entrés vers 28,4 ans auront travaillé au mieux 36,4 ans, bien moins que les 43 ans que requiert la réforme pour obtenir le taux plein.
La génération depuis 2011 de la réforme du Master2 a donc sacrifié le taux prévisionnel de sa future pension civile, sauf si elle est en mesure de racheter 3 de ses années d'études en cotisation retraite (attention, plus la carrière avance, plus c'est cher), et qu'elle a travaillé auparavant dans le privé, ou qu'elle aura l'énergie de travailler entre ses 64 et 67 ans, si la décote s'annule toujours à cet âge à l'avenir.
Logiquement la réforme des retraites de 2023 impacte beaucoup ces professeurs, puisqu'il leur faudra travailler 43 ans pour obtenir une retraite à taux plein avec un départ théorique à un âge légal de 64 ans, si cette réforme était définitivement actée.
Cela placerait en fait le départ des professeurs des écoles, en moyenne, entre 71 ans et 74 ans selon qu'ils ont été recrutés dans le public ou dans le privé sous contrat, sauf si l'âge de l'annulation de la décote (en 2022) reste à 67 ans.
Ceux qui partiraient à 64 ans d'âge légal, n'auront obtenu que 33 à 36 annuités au service de l'Etat. Il faudra qu'ils aient compensé avant de travailler pour l'Etat, ou après, puisque leur métier sera devenu trop pénible devant élèves dès leurs 55 ans, par d'autres fonctions. Or, à peine 6% des professeurs du 1er degré comme du 2nd degré réussissent jusqu'ici à réaliser une "seconde carrière" hors enseignement, car l'Education nationale les freine, de crainte de manquer de professeurs. Et depuis la réforme de 2003 qui instituait des "secondes carrières" dans son article 77, l'Education nationale a supprimé plus de secondes carrières qu'elle n'en a créées. De 2005 à 2012, sur la demande des députés de l'Assemblée Nationale, l'Education nationale a réalisé plus de 150 millions d'euros d'économies en supprimant 5.217 emplois dits de "mise à disposition". Rémi BOYER en avait parlé dans son ouvrage publié en août 2009 (Enseignant... et après ?). De 2006 à 2020 au moins, d'après nos observations, plus de 400 emplois en détachement ont été supprimés dans les Etablissements Publics Nationaux et Associations Complémentaires de l'Etat (faut d'argent pour les financer) par l'Education nationale.
Les possibilités de secondes carrières se sont donc fortement réduites depuis 18 ans, à l'opposé de ce qui avait été promis par la loi des retraites de 2003 qui avait allongé les carrières de tous les salariés de 4,5 années, quand même !
C'est impossible d'imaginer que les professeurs des écoles, dont 65% souffrent déjà de troubles musculosquelettiques à partir de 55 ans, puissent rester encore enseigner 16 à 19 ans, à un âge où leurs problèmes de santé les épuiseront physiquement.
Les lauréats du concours externe de Professeurs des écoles auront-ils travaillé durant leurs études ? Le Panorama statistique de la DEPP de 2022 n'aborde pas cet aspect. 93% des professeurs de Maternelle et 78% des professeurs de Primaire étant des femmes, beaucoup a d'abord réalisé de longues études avant de devenir professeur, certains jusqu'au doctorat, avec la déception de ne pas réussir à être recrutées dans le supérieur, ni au concours de l'agrégation ou du Capes. Pour certains, devenir Professeurs des Ecoles est une forme de "lot de consolation", le taux de sélectivité étant moins important selon les départements.
Beaucoup d'enseignantes auront, avec leurs congés maternité et congés parentaux, temps partiel et mi-temps pour élever leurs enfants pour celles qui auront pris cette facilité, voire pour celles qui auront usé et abusé des disponibilités, une carrière plus ou moins incomplète, ce qui s'en ressentira sur le niveau de leur pension. Une enseignante récemment nous disait avoir pris 10 années de disponibilité dans sa carrière, et pouvoir prétendre à 600,00 € de pension civile seulement pour 30 ans de carrière.
Un faible taux de sélectivité est synonyme de précarité dans des académies dont il sera difficile de repartir avant 10 à 15 ans
En regardant le tableau ci-dessous issu également du panorama statistique de la DEPP de septembre 2022, nous constatons qu'il est assez facile d'être recruté(e) dans les académies de Créteil, de Versailles, très demandeuses de professeurs, alors que ce sont les académies où le pouvoir d'achat des professeurs sera le moins élevé de toute la France, transformant ces Bac+5 en travailleurs précaires. Les primes offertes les 3 premières années aux titulaires peuvent compenser quelque peu ce manque de pouvoir d'achat, notamment dans le département de Seine-Saint-Denis, mais comme les DASEN bloquent les envies de mutation pendant 10 à 15 ans des professeurs des écoles, le pouvoir d'achat de ces professeurs des écoles sera insuffisant au fil de leurs échelons (cf grilles ci-dessus)
L'Education nationale semble se reposer sur l'idée que celles qui ont choisi de devenir Professeurs des Ecoles sont mariées à des ingénieurs, des médecins, des avocats, des cadres administratifs, des chefs d'entreprise, ce qui atténuerait cette perte de pouvoir d'achat dans ces académies très prisées, au haut niveau de vie. Nous trouvons peu d'études concrètes sur ces aspects sur le web.
La génération qui est entrée dans le métier depuis l'élévation du concours au niveau d'un Master2 est donc la génération sacrifiée du système, une génération qui a tout intérêt à fortement anticiper pour éviter une pension de retraite nettement plus faible que celle des générations qui partent actuellement en retraite, celles de ceux nés entre 1955 et 1961.
Cet âge tardif pour devenir titulaire par concours se répercute au niveau de l'indice potentiellement atteint en fin de carrière. S'il est garanti à tout professeur depuis la réforme des "PPCR" en 2015-2016 de réaliser sa carrière sur 2 grades au moins (Classe Normale puis Hors-Classe), la Classe Exceptionnelle demeurera très exceptionnelle, donc très rare, pour la quasi totalité des professeurs, et cela ira de mal en pis.
En effet, il faut entre 24 et 26 ans pour réaliser un "parcours de carrière" de l'échelon 1 à l'échelon 11 pour un professeur. Les "professeurs méritants" pourront espérer passer en hors-classe à partir de leur 22e ou 23e année de métier, mais tous n'atteindront le sommet de leur hors-classe que vers leurs 27e à 34e année de métier, au plus tôt.
Dans le cadre de la réforme des PPCR (Parcours Professionnels Carrière et Rémunération) intervenue en 2015-2016, les professeurs appréciés de leurs inspecteurs (IEN dans le 1er degré, IA-IPR dans le 2nd degré) peuvent obtenir des réductions de parcours:
- 1 an de gain du 7e au 8e échelon
- 1 an de gain du 9e au 10e échelon
Les accès à la hors-classe ne sont pas automatiques, il faut parfois patienter plusieurs années (certains professeurs stagnent 10 ans au 11e échelon de sa classe normale avant de passer Hors-Classe en toute fin de carrière). Ainsi l'indice maximum de la Hors-Classe de ces professeurs ne sera pas atteint avant de partir en retraite.
Echelle classe normale des PE et des Certifiés
Les "promouvables" à la Hors-Classe doivent avoir au moins 2 ans dans le 9e échelon.
Dans les faits c'est très rare, puisque l'indice du 9e échelon (590) ne leur apportera aucun gain supplémentaire tant qu'ils n'auront pas atteint l'indice 673 du 11e échelon de leur Classe Normale, le gain effectif se produisant alors seulement au 4e échelon de la Hors-Classe à l'indice 715. Voilà pourquoi les professeurs qui passent tôt en hors-classe ne gagnent pas mieux leur vie pendant 6,5 ans que ceux restés en classe normale qui, eux, mettront 1,5 an de plus à atteindre l'indice 673.
Echelle Hors-Classe des PE et des Certifiés
Du passage de la Classe Normale à la Hors-Classe, les 3 premiers échelons sont inutiles, puisqu'ils correspondent, pour ceux de la Classe Normale que leur IEN ou leur IA-IPR aurait promu précocement, aux échelons 9 à 11, avec juste un gain de 1,5 an d'ancienneté pour dépasser l'indice 673.
C'est pour cette raison que les syndicats ont toujours préféré faciliter le passage à la hors-classe pour les professeurs ayant atteint au moins leur 11e échelon, que de passer des professeurs à partir de leur 9e échelon.
Echelle Classe Except des PE et des Certifiés
Le même processus se répète avec cette Classe Exceptionnelle qui concernera 10% des effectifs seulement.
Si le professeur a stagné 6 à 10 ans au sommet de son échelle de Classe Normale avant de passer Hors-Classe, il n'a aucune chance d'atteindre la Classe Exceptionnelle sauf s'il poursuit sa carrière au-delà de ses 64 ans.
Le professeur qui n'est pas remarqué par son IEN ou son IA-IPR n'a aucune chance de parvenir en classe exceptionnelle.
En 43 ans de carrière, s'il les atteint, il sera donc passé de 1.468,87 € nets en début de carrière à 3.127,98 € nets en fin de carrière pour sa grille indiciaire, soit un gain de 1.659,11 € ou 113% de croissance. En moyenne sur 43 ans, cela fait un gain de 38,58€/mois par année d'ancienneté avec un Master2 en début de carrière.
Pas de quoi contrer une inflation supérieure à 6%, chaque revalorisation
même de 10% par quinquennat ne permettra pas aux professeurs de voir leur pouvoir d'achat se maintenir.
Carrière totale réelle des PE et Certifiés
Supposons que le Professeur des Ecoles ou le Professeur Certifié (soit la majorité des effectifs des professeurs) soit entré en moyenne dans le métier à 28 ans par concours externe (statistique de 2021 pour les Professeurs des Ecoles) ou à 30,3 ans par concours externe (statistique de 2021 pour les Professeurs Certifiés) alors voilà les possibilités de durée minimale et maximale avant ses 64 ans d'âge légal:
Professeurs des Ecoles:
AVANT REFORME: 28 ans + 42 ans = 70 ans devant élèves ?
APRES REFORME: 28ans + 43 ans = 71 ans devant élèves ?
Professeurs Certifiés:
AVANT REFORME: 30,3 ans + 42 ans = 72,3 ans devant élèves ?
APRES REFORME: 30,3 ans + 43 ans = 73,3 ans devant élèves ?
Tu vois bien que si tu ne travailles pas durant tes études avant de devenir professeur titulaire, en gagnant au moins de quoi capitaliser 4 trimestres par année dans le régime général (il te faut gagner, en 2023, 6.762,00 €/an pour cela), il te sera difficile d'enseigner au-delà de 64 ans (à partir de 55 ans les professeurs des écoles sont épuisés, et à partir de 60 ans les professeurs certifiés le sont aussi), alors qu'il te manquera encore 6 à 9,3 ans à travailler pour obtenir une pension de retraite à taux plein de la part de l'Etat.
Une autre solution pour réduire le nombre d'années est de compenser aussitôt que tu le pourras 3 années de tes études supérieures, en rachetant à l'Etat 3 années de pension civile à valoir sur la durée exigible de ta carrière pour prétendre à une pension complète.
Tu pourrais ainsi espérer, si ton âge moyen d'entrée dans le métier est celui présenté par le Panorama statistique de la DEPP de septembre 2022, partir à 67-68 ans si tu es Professeurs des Ecoles, avec 43 annuités, et à partir de 70,3 ans si tu es Professeur Certifié, avec 43 annuités.
Cela en supposant que tu aies réalisé toute ta carrière à plein temps, ce qui n'est pas évident. Beaucoup d'enseignantes prennent en effet des temps partiel, des mi-temps, certaines des disponibilités de droit pour élever un enfant de moins de 12 ans ou suivre leur conjoint muté, ou pour convenances personnelles, et ce seront des années qui compteront moins ou pas du tout selon les cas.
Le calcul pour obtenir 4 trimestres cotisés par an n'est pas le même entre la Fonction Publique de l'Etat, et le Privé. C'est cela qui pénalise en fait le fonctionnaire (le professeur du privé sous contrat relève du régime général).
Dans le privé, 4 trimestres de retraite sont acquis après avoir gagné, en 2023, la somme de 6.762,00 €/an.
Au service de l'Etat, 90 jours de service à temps plein donne droit à 1 trimestre. Mais 6 mois de travail à mi-temps ne vaut que 1 trimestre, donc 2 par an, même si la somme gagnée est supérieure dans l'année, aux 6.762,00 € exigés dans le privé pour obtenir 4 trimestres.
Comme il y a 365 jours par an, 360 jours font donc 4 trimestres. Si le fonctionnaire fait grève plus de 5 jours par an, il va amputer l'un de ses 4 trimestres qui ne sera pas validé, puisqu'un jour de grève est un jour de carence, donc un jour non travaillé. Voilà pourquoi les professeurs qui font grève trop souvent sont pénalisés en fin de carrière lors du calcul de leur quota de trimestres.
Le dernier trimestre de la carrière du fonctionnaire ou assimilé est acquis à partir de 45 jours de service.
Le professeur lambda le sait rarement: le délégué syndical de son établissement scolaire, qui le mobilise de temps en temps pour aller manifester dans la rue, s'il bénéficie pour cette animation syndicale d'un statut d'élu, avec ou sans décharge, ne se voit pas prélever les jours de carence pour ses jours de grève, et n'en perd donc aucun pour ses trimestres de retraite. C'est l'un des avantages de son engagement syndical.
Comme le mode d'acquisition des 4 trimestres est plus rapide, en termes de gains annuels de salaires, pour les salariés du privé en regard des salariés du public, l'Etat a prévu un régime plus favorable (qui a failli être supprimé par la réforme souhaitée en 2019 par le Gouvernement LREM lorsqu'il s'agissait de comptabiliser des points, et non des trimestres, réforme qui n'a pas vu le jour, heureusement) pour ses fonctionnaires (cela ne concerne pas les professeurs du privé sous contrat) avec la garantie, s'ils ont toutes leurs annuités au moment de l'âge légal (62 ans en 2022, peut-être 64 ans à partir de 2023 ?) de gagner 75% de leur dernier indice brut, à condition de l'avoir détenu au moins 6 mois.
Dans les faits, ce n'est pas la grande majorité qui y parvient, nous le verrons plus loin dans notre argumentation. Ceux qui, au moment de prendre leur retraite à partir de l'âge légal, n'ont pas tous les trimestres requis (cf tableau actuel) se voient appliquer une décote de 5% par année non cotisée.
Actuellement, l'âge d'annulation de la décote est de 67 ans. Mais quel sera-t-il si la réforme de 2023 est appliquée définitivement, lorsque ceux entrés dans le métier de Professeur des Ecoles ou de Professeur Certifié, entre leurs 28,3 et 28,4 ans, prendront leur retraite, à partir de leurs 64 ans, si l'âge légal de départ n'a pas encore été reculé d'ici là ?
En 2021, l'âge moyen de départ en retraite des professeurs est de 60,3 ans pour les femmes et de 61,2 ans pour les hommes.
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Voilà la répartition en % des décotes et surcotes des professeurs qui ont pris leur retraite en 2020 (source: DEPP, sept 2022)
Pour les professeurs du 1er degré, 48% ont obtenu leur pension à taux plein (49% pour les femmes, 45% pour les hommes) et ils sont 34% à avoir dû se résigner à une décote (34% des femmes, et 35 ans des hommes).
Pour les professeurs du 2nd degré, 35% seulement ont obtenu leur pension à taux plein (35% des femmes et 36% des hommes) et ils sont 27% à avoir dû se résigner à une décote (26% des femmes et 25% des hommes).
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En 2019, le niveau moyen des pensions civiles des professeurs était:
1) Pour les professeurs du 1er degré, de 1.808,00 € (1er décile) à 3.264,00 € (9e décile soit 10% seulement des effectifs) pour une moyenne de 2.582,00 € bruts.
2) Pour les professeurs du 2nd degré, de 2.096,00 € (1er décile) à 3.795,00 € (9e décile soit 10% seulement des effectifs) pour une moyenne de 2.929,00 € bruts.
La retraite moyenne en net est donc, après réduction de 9,10% de charges (en 2022) de:
2.347,03 € après 42 ans d'activité pour les professeurs du 1er degré.
2.662,46 € après 42 ans d'activité pour les professeurs du 2nd degré.
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En 2020, le niveau moyen des pensions civiles des professeurs était:
1) Pour les professeurs du 1er degré public, de 1.900,00 € (1er décile) à 3.286,00 € (9e décile soit 10% seulement des effectifs) pour une moyenne de 2.628,00 € bruts.
2) Pour les professeurs du 2nd degré public, de 2.112,00 € (1er décile) à 3.803,00€ (9e décile soit 10% seulement des effectifs) pour une moyenne de 2.944,00 € bruts.
La retraite moyenne en net est donc, après réduction de 9,10% de charges (en 2022) de:
2.388,85 € après 42 ans d'activité pour les professeurs du 1er degré.
2.676,09 € après 42 ans d'activité pour les professeurs du 2nd degré.
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L'espérance de vie à la retraite des professeurs demeure intéressante (en moyenne) avec des disparités entre les sexes (source: DEPP, Sept 2022)
Les professeurs du 1er degré partis en retraite à un âge moyen de 60,3 ans pouvaient en 2020 espérer vivre encore 25,9 ans.
Les professeurs du 2nd degré partis en retraite à un âge moyen de 63,0 ans pouvaient en 2020 espérer vivre encore 22,9 ans.
Avec un âge légal reculé à 64 ans (en 2023 si la réforme est adoptée, et peut-être à 67 ans durant le quinquennat qu'Edouard PHILIPPE pourrait effectuer de 2027 à 2032), l'espérance de vie en retraite se réduira de 1 à 4 ans selon l'âge de départ, à condition que l'âge d'annulation de la décote n'ait pas changé d'ici là.
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Une fois retraité, selon la localisation géographique en métropole du professeur, en 2023, l'inflation depuis 2 ans pèse de manière inégale sur son pouvoir d'achat.
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Cette carte (source: DEPP, sept.2022) correspond curieusement à celle des taux de réussite, en 2021-2022, des professeurs des écoles aux concours externes dans les différents départements.
Ainsi, là où le taux de sélectivité est moindre pour les Professeurs du 1er degré, l'inflation est nettement plus importante, ce qui exposera ces professeurs qui se seront laissés tenter par la facilité d'un concours peu sélectif, à un manque de pouvoir d'achat conséquent, en 2023, dès le début de leur carrière.
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Le 24 janvier 2023, les professeurs étaient très clairs dans cette manifestation relayée dans le quotidien Le Monde.
Les professeurs y évoquent leur usure professionnelle et l'inquiétude à l'idée d'être encore devant élèves à 64 ans, alors que dans le 1er degré plus de 65% des professeurs des écoles souffre de problèmes musculosquelettiques.
Aucun aménagement des fins de carrière n'a été prévu, aucun allègement du nombre d'heures de cours, aucune réduction du nombre d'élèves en classe, pas de politique d'attribution des effectifs les moins chargés aux professeurs âgés de 55 ans et plus, pas de politique systématique d'attribution d'emplois du temps moins chargés d'heures de classe par journée de travail.
L'Education nationale n'est pas prête, elle n'a pas assez anticipé, malgré ses bataillons de hauts fonctionnaires très bien payés, sur cet aspect: la pénibilité des fins de carrière des professeurs.
Dominique CAU-BAREILLE, Maître de Conférences en Ergonomie (IETL/université de Lyon 2, Laboratoire de recherches en éducation, cultures et politiques) a publié en 2017 dans la revue Retraite et Société cet intéressant article "Comment accompagner l'allongement de la carrière des enseignants en France ?"
Elle est l'une des rares enseignantes-chercheuses à avoir exploré cette problématique.
Elle a aussi produit en 2014 pour la revue Management & Avenir l'article "Les difficultés des enseignants en fin de carrière: des révélateurs des formes de pénibilité du travail", qui ne semblent pas avoir inspiré les membres du Gouvernement actuel, ni avoir sensibilisé les députés ni les sénateurs (dont 20 à 25% au moins sont pourtant d'anciens professeurs).
A contre-courant, le "PACTE de Pap NDIAYE", censé revaloriser les salaires des professeurs, conditionne l'augmentation - estimée l'été 2022 de 10% - à une augmentation de 72h (2h par semaine, sans compter les préparations et corrections que cela va générer) par année, ce qui va alourdir encore plus la tâche des professeurs de plus de 55 ans qui ne bénéficient pas d'une Cessation Progressive d'Activité puisqu'elle fut supprimée lors de la réforme des retraites de 2011.
Il est clair qu'en oubliant d'instituer une loi de programmation annuelle de revalorisation des salaires des professeurs pour qu'ils soient au moins indexés sur l'inflation annuelle, la France depuis 33 ans a lâché ses professeurs. Elle a sacrifié leur pouvoir d'achat, se concentrant surtout sur celui des personnels d'encadrement (de direction, d'inspection, d'administration) qui gagnent 60 à 300% de plus que les professeurs, selon le montant de leurs primes fixes et variables (RIFSEEP, dont ne bénéficient pas du tout les professeurs du 1er degré ni du 2nd degré, voir en fin de l'article en lien).
Qui plus est, le gel du point d'indice a été très néfaste aux revenus des professeurs, qui ont nettement moins de primes que les cadres A administratifs (recrutés à Bac+3).
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Devenir professeur pour 1 an ou pour 42-43 ans doit donc être une vraie réflexion, en amont, à l'appui de toutes ces données de ton pouvoir d'achat prévisionnel, et de ton niveau de vie en fin de carrière.
Il semble prévisible que les professeurs épuisés en fin de carrière seront obligés de sacrifier leur niveau de leur pension pour préférer partir en retraite dès l'âge légal, et cumuler leur retraite avec une activité.
Le guide 2023 ci-dessous leur énonce les règles en la matière.
ETUDE COMPLETE PAR CHAPITRES, DU PANORAMA STATISTIQUE DE L'ANNEE 2020-2021 (Source: DEPP, Septembre 2022)
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