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Samuel PATY, Agnès LASSALLE, Dominique BERNARD, ...et ensuite ?


Thibault DUBREUIL, ancien professeur d'Histoire-Géographie, a souhaité réagir par rapport à l'assassinat de Dominique BERNARD et aux deux tentatives d'assassinat sur un de ses collègues, professeur d'EPS, et un agent d'entretien.

 

Les professeurs pensaient que depuis l'assassinat de Samuel PATY, l'Education nationale avait eu le temps, depuis 3 ans, de réfléchir aux mesures de sécurisation nécessaires de tous le établissements scolaires, sans se limiter à créer un prix Samuel PATY en sa mémoire.

 

"Vendredi 13 octobre, un prof est mort. Dominique BERNARD enseignait les lettres au lycée Gambetta d'ARRAS. Il a été assassiné par un terroriste islamiste. Dans cette attaque, 3 autres personnels ont été grièvement blessés. Emmanuel MACRON et Gabriel ATTAL se sont déplacés dans ce lycée afin d'assurer la communauté éducative du soutien de l'Etat et de la solidarité de la nation. Dont acte. Mais faut-il vraiment qu'on en arrive à de telles extrémités pour que l'Etat, et en premier lieu le ministre de l'Education nationale, se place enfin au(x) côté(s) des enseignants ?

 

Depuis 30 ans, le ministère de l'EN mène une politique visant à se désengager financièrement et politiquement de ses responsabilités. Les personnels ATOS sont passés sous statut territorial, bientôt suivra la médecine scolaire, le ministère a supprimé des postes de COP afin d'encourager la création d'officines privées, il envisage la suppression de certaines matières comme la technologie et travaille à déléguer la formation des élèves en lycée professionnel aux patronats locaux. Malgré la pénurie d'enseignants, l'Etat supprime des postes au concours et délègue le recrutement de personnels précaires aux rectorats et à des entreprises. Il facilite l'installation d'établissements supérieurs privés pour les étudiants que l'université, exsangue, ne peut accueillir et demande la sélection des élèves dès la fin du CM2 afin d'orienter massivement vers le monde du travail le plus tôt possible et ainsi diminuer la masse salariale du ministère, comme le réclame la Cour des comptes.

 

Parallèlement, l'Etat a pris pour cible les enseignants. Il a dégradé fortement leur pouvoir d'achat, supprimé les avantages de la profession et accru la charge de travail.

 

Caricaturés en fainéants privilégiés toujours en vacances ou en grève, l'Etat les a livrés à la vindicte populaire dont le prof bashing sur les réseaux sociaux en est la partie la plus visible. Jamais un ministre n'a condamné ce défouloir des haines. En les paupérisant, l'Etat a fait des profs des smicards qu'on moque aisément et de leur métier un taf que n'importe qui peut obtenir par un job dating d'un quart d'heure. Jusqu'à cette annonce en fanfare sur l'augmentation historique des traitements des enseignants qu'on appelle Le Pacte, dernière insulte faisant passer des heures supplémentaires pour une revalorisation.

 

Trois jours avant ces actes atroces commis à ARRAS, le ministre ATTAL faisait un discours sur la nécessité de rétablir les classes de niveau et concluait sur cette phrase : « La pédagogie peut renverser la sociologie », accusant de fait les enseignants que, s'il n'y a pas d'élèves de milieu populaire à l'ENA (devenue INSP), c'est parce que les profs n'utilisent pas la bonne méthode. Caporalisés par un ministère autoritaire qui ne s'intéresse pas à leurs conditions de travail et à leur santé, accusés d'être les seuls responsables de ce qui ne fonctionne pas dans l'école, ringardisés par la start-up nation, le ministère a fini par isoler les enseignants.

 

Epuisés et déprimés, les personnels des écoles, collèges et lycées sont à présent les seuls à tenir la baraque.

 

Pourtant, après le meurtre de Samuel PATY, beaucoup pensaient que des leçons avaient été tirées, que l'Etat allait à nouveau occuper cet espace qu'il avait fui, soutenant les enseignants plutôt de les accabler, restaurant leur autorité que lui-même avait mise à mal, investissant dans son école, sa jeunesse.

 

En 4 ans, 3 enseignants sont morts assassinés. Certains profs en sont réduits à saboter l'essence même de leur enseignement en se censurant pour éviter les problèmes. Le ministre ATTAL déclare, là encore, être de leur côté. Au delà de ces crimes, c'est quotidiennement que des profs sont contestés, molestés, intimidés dans l'exercice de leur mission de service publique par des élèves, des parents. L'Etat maltraitant ne s'en préoccupe guère qui ne voit en eux qu'une charge, au mieux une profession obsolète.

 

Alors vraiment, après toutes ces trahisons, ces déceptions, quel crédit peut-on accorder aux déclarations d'un ministre formulées dans l'émotion ?

 

Cela fait bientôt 30 ans que l'Etat a fait prendre la voie néolibérale à l'école, visant à la transformer en un organisme devant répondre à la demande du marché. Gabriel ATTAL et le super ministre Emmanuel MACRON s'inscrivent clairement dans cet objectif. Et Gérard DARMANIN ne pourra pas mettre trois policiers en faction devant chaque école."

 

17.10.2023: ce qu'en pense Mickaëlle PATY, veuve de Samuel PATY

 

VENDREDI 13.10.2023: ASSASSINAT D'UN PROFESSEUR DE FRANCAIS A ARRAS

 

MERCREDI 22 FEVRIER 2023: ASSASSINAT D'UN PROFESSEUR D'ESPAGNOL

 

VENDREDI 16.10.2020: ASSASSINAT D'UN PROFESSEUR D'HISTOIRE-GEOGRAPHIE

 


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