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Anne Genetet ne changera pas de cap, mais est-ce le bon ?


Le Premier Ministre Michel BARNIER a nommé Anne GENETET, parfaite inconnue dans la sphère éducative, Ministre de l'Education nationale.

 

Venue du privé, rien dans son parcours ne montre une quelconque connaissance de la sphère éducative, du système administratif ni de ses acteurs périphériques. Est-ce une chance ou un handicap ?

 

Les syndicats l'ont tout de suite désavouée, car ils craignent qu'une personne venue du privé n'aille beaucoup plus loin que ses prédécesseurs dans les réformes structurelles, alors même que les syndicats ont perdu une partie de leurs prérogatives depuis le 6 août 2019 avec la loi DUSSOPT.

 

Venir du privé pourrait être un atout, si Anne GENETET décide de s'entourer d'autres personnes qui n'ont eu aucune responsabilité au sein du système pyramidal qu'est l'Education nationale.

 

En effet, si Anne GENETET nomme dans son cabinet des hauts fonctionnaires de l'Education nationale, qui naviguent d'une responsabilité à l'autre faute de pouvoir eux-mêmes devenir ministres un jour, elle risque d'avancer vers le même horizon que le système tout entier, puisque l'objectif des hauts fonctionnaires de l'Education nationale est de ne rien changer à ce qui leur donne le plus de pouvoir possible.

 

Le Mammouth, le gigantisme, profite aux hauts fonctionnaires qui "tiennent la Grande Maison", en l'occurrence le Secrétariat Général, le DGESCO, le DGRH, et l'Inspection Générale. Ils assurent l'intérim entre deux ministres.

 

Le vrai pouvoir au sein de l'Education nationale, ce sont eux.

 

Mais ce sont les ministres qui se succèdent qui ont le pouvoir d'impulser le changement. Si économies il y a, elles peuvent être décidées d'autorité par le Gouvernement, et c'est aux hauts fonctionnaires de s'exécuter.

 

L'Education nationale en France sort d'une période d'inefficacité faite de grandes déclarations non suivies d'effets :

 

- Pap NDIAYE (20.05.2022 au 20.07.2023 soit 1 an et 2 mois) qui s'est contenté de calmer les esprits, ne décidant de rien ou de pas grand chose.

 

* Il a annoncé des mesures pour relever le niveau des élèves et entamer la transformation du collège. On ne sait pas ce que ça a donné.

 

* Il a répété que les enseignants étaient mal payés tout en laissant le soin à ses successeurs de faire quelque chose.

 

Son passage à l'Education nationale lui aura permis de passer de Professeur des Universités à Ambassadeur auprès du Conseil de l'Europe. Depuis, on  n'en entend plus parler dans les médias.

 

- Gabriel ATTAL (20.07.2023 au 11.01.2024 soit 5 mois et 3 semaines), nommé Premier Ministre avant d'avoir pu concrétiser la moindre de ses grandes déclarations).

 

* Il a promis le retour de l'autorité à l'école et on l'attend toujours...

 

* Il a répété que les enseignants étaient mal payés tout en laissant le soin à ses successeurs de faire quelque chose.

 

* Il a promis aussi la fin du smartphone à l'école et au collège et les élèves l'ont toujours dans la poche et souvent allumé pour photographier ou filmer leurs enseignants dont les plaintes nominatives ou contre X restent sans effet.

 

* Il s'est surtout fait remarquer dès la rentrée scolaire pour l'interdiction de l'abaya et de sa version masculine le qamis à l'école, qui portait atteinte selon lui, la Droite et l'extrême-Droite à la laïcité.

 

* Il a annoncé des mesures pour sortir les élèves radicalisés de l'école au nom d'un "principe de protection", sans qu'on sache si cela a été efficace.

 

* Il a décidé d'un "choc des savoirs" imposé à tous les professeurs sans aucune concertation, prétextant vouloir relever le niveau des élèves tout en mécontentant tous les professeurs de collège en créant des groupes de niveaux en Maths et en Lettres, une véritable "école du tri", qui écorne l'idée du "collège unique".

 

* Il a annoncé que l'échec au Brevet des Collèges serait suivi d'un palier ("une prépa lycée") entre la 3e et la 2nde, à la rentrée 2025 (ce qui a été abandonné depuis au moins pour cette rentrée-là)

 

* Il a annoncé des "cours d'empathie contre le harcèlement", s'agissant des élèves entre eux bien sûr, et pas du tout des adultes entre eux (car le manque d'empathie des hiérarchies envers les professeurs laisse toujours à désirer)

 

* Il s'est prononcé pour un "retour à l'uniforme", d'une "tenue vestimentaire commune", dont le coût doit être entièrement assuré par les collectivités et l'Etat (sans penser que doter tous les élèves de France d'une tenue aiguisera les appétits des industriels du textile, et pourrait provoquer le retour des guerres de clans entre élèves de différents établissements revendiquant leur appartenance à tel établissement contre tel autre supposé moins prestigieux). Aux dernières nouvelles le retour de l'uniforme n'est pas pour demain.

 

Bilan: beaucoup de vent brassé pour rien, beaucoup de déclarations dans la presse pour se donner une stature politique d'envergure, le temps de briguer d'autres fonctions plus prestigieuses.

 

- Amélie OUDEA-CASTERA (11.01.2024 au 08.02.2024 soit 28 jours, passage éclair) rapidement empêtrée dans une polémique qu'elle a elle-même soulevée, tout en ayant fait un discours devant tous les hauts fonctionnaires à la Sorbonne affirmant qu'elle serait exigeante et intransigeante envers eux.

 

* Elle n'a pas eu le temps de décider de quoi que ce soit.

 

* Elle n'a pas abordé la question de la rémunération des professeurs, la sienne ayant été auparavant 10 fois supérieure à celle de tout professeur agrégé de fin de classe exceptionnelle.

 

 

- Nicole BELLOUBET (08.02.2024 au 21.09.2024 soit 7 mois et 2 semaines). 

 

* Elle a préparé la rentrée scolaire 2024.

 

* Elle a assuré la mise en place de la réforme souhaitée par Gabriel ATTAL, le "choc des savoirs".

 

* Elle a repoussé la mise en place du "couperet Brevet des collèges" avec sa "prépa lycée".

 

* Elle a repoussé à janvier 2025 "la généralisation de l'interdiction des portables à tous les établissements" (on ne sait toujours pas ce que donnent les expérimentations en cours dans la cinquantaine de collèges ciblés depuis la rentrée 2024).

 

* Elle a répété que les enseignants étaient mal payés et qu'il "faudrait faire quelque chose", tout en laissant à son successeur cette lourde responsabilité.

 

- Anne GENETET est devenue Ministre de l'Education nationale depuis le 21.09.2024 dans un Gouvernement qui peut à tout moment être désavoué par une motion de censure, tellement il ne représente pas du tout le résultat des votes des citoyens aux dernières élections Législatives.

 

* Va-t-elle battre le record de courte durée à la tête du plus gros ministère de l'Etat en effectifs ?

 

* Va-t-elle révolutionner par son parcours réalisé dans le privé, le fonctionnement du système tout entier ?

 

Ou va-t-elle confier aux hauts fonctionnaires le soin d'avancer vers le cap actuel, celui de la perte d'attractivité du métier d'enseignant, de la surexigence vis-à-vis des professeurs, de l'intransigeance, et de l'incapacité collective à se faire aimer des professeurs, puisque les Recteurs, Dasen et Chefs de Division multiplient les "nécessités de service" qui privent des milliers de professeurs chaque année du droit élémentaire et fondamental à "disposer d'eux-mêmes" ?

 

Garder le même cap, c'est s'avancer toujours plus vers la chute de ce système dépassé, qui refuse la flexibilité entrée/sortie donc arrivée/départ et ne raisonne que par la fixation définitive de ses ressources humaines par un concours donnant un statut rigide, qui ne correspond plus aux aspirations des jeunes du XXIe siècle.

 

Quand sera la chute ?


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