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Professeur, tu es harcelé au travail ? HELPEN peut t'aider !


Guillaume DELABY vient de créer l'association HELPEN avec deux autres bénévoles pour prévenir et remédier à toutes les situations de harcèlement qui affectent les conditions de travail des personnels de l'Education nationale.

 

Tout professeur stagiaire ou titulaire sait bien que dans son métier, ce ne sont pas les élèves les pires, mais ses collègues ou sa hiérarchie (IEN, IA-IPR, Perdir), son administration, capables de le harceler sans aucun état d'âme, et dont personne ne le protège. 

 

Nous, association AIDE AUX PROFS avons aussitôt été très sensibles à l'objet de cette nouvelle association créée en mars 2024, née d'expériences vécues, avec une maltraitance institutionnelle flagrante.

 

Régulièrement notre association depuis 18 ans est contactée par des professeurs en souffrance au travail, et des situations de harcèlement multiples nous sont évoquées :

 

- entre professeurs, surtout dans les écoles Maternelles et Primaires

- de la part de professeurs victimes des abus d'autorité et de pouvoir des conseillers pédagogiques obéissant à leur IEN ou leur IA-IPR comme de bons petits soldats

- de la part d'IEN, envers des professeurs des écoles, majoritairement des femmes, rappelons-le

- de la part d'IA-IPR et de Perdir en collèges et en lycées, envers des professeurs.

 

Il est aisé dans l'enseignement pour un supérieur hiérarchique de s'acharner gratuitement sur un professeur dans le plus grand silence de sa hiérarchie qui le soutiendra jusqu'au bout, puisqu'il lui suffira de dire que ce professeur qui se plaint était un agitateur, un rebelle, qu'il refusait d'obéir à ses ordres. 

 

Voilà la technique de management principale de l'Education nationale: le harcèlement moral, lorsque le professeur veut faire part de sa liberté de pensée, d'expression, d'opinion. Tout s'effectue insidieusement par des petits actes mesquins (demandes d'emploi du temps spécifique non acceptée, demandes de classes précises refusées, refus des projets présentées, rumeurs répandues auprès des parents et des collègues, mises à l'écart, inspection-sanction, etc).

 

Jusqu'ici, rien ne protégeait officiellement le professeur d'un harcèlement moral, notion tellement difficile à cerner dans la législation, les harceleurs le savent trop bien, ils ont appris à isoler leur victime en laissant le moins de traces possibles !

 

Eh bien c'est fini, si tu en décides là, maintenant: HELPEN t'attend ! Toi aussi tu peux contribuer à faire connaître cette association qui a besoin de soutiens, d'adhérents, de témoignages, pour pouvoir agir efficacement contre tous les harceleurs présents dans l'Education nationale, tous ceux qui se croient protégés quoi qu'ils fassent par leur hiérarchie.

 

Lis d'abord cette interview de Guillaume DELABY, son président-fondateur.

 

AIDE AUX PROFS:

Comment vous est venue cette idée de créer une association d’entraide sur le harcèlement entre personnels de l’Éducation nationale ?

 

Guillaume DELABY:

Je suis professeur d’anglais en classes préparatoires depuis plusieurs années, une mission qui me passionne depuis toujours. Il y a cinq ans, j’ai été confronté à une situation de harcèlement moral qui a profondément bouleversé ma vie professionnelle. J’ai été victime de diffamation, de rumeurs malveillantes, de dévalorisation systématique de mon travail, et d’une manipulation perverse de ma situation, orchestrée par une collègue et un secrétaire, ainsi que par la direction de mon établissement. Ma hiérarchie et la plupart des collègues de mon établissement m’ont abandonné.

 

Cette situation a été un choc. Malgré mes nombreux signalements, j’ai constaté une inertie quasi-totale de la part de l’institution, ce qui m’a laissé démuni et isolé. En discutant avec d’autres collègues et agents, j’ai compris que beaucoup vivaient la même chose, sans savoir vers qui se tourner.

 

C’est ainsi qu’est née l’idée de HELPEN. Après une longue procédure administrative qui n’a fait qu’accentuer l’impunité des agresseurs, faute d’actions concrètes de la justice après quatre ans d’errance, j’ai décidé de transformer ma souffrance en action.

 

HELPEN a pour but d’offrir du soutien, de sensibiliser à ces problématiques et de mettre fin à la culture du silence, du « Pas de Vagues ». Mon ambition est simple : que plus aucun personnel de l’Éducation nationale ne se sente seul face à une telle situation.

 

AIDE AUX PROFS

Quelles formes de harcèlement entre agents vous paraissent les plus fréquentes à l’Éducation nationale, et en quoi est-ce important de savoir les anticiper ?

 

Guillaume DELABY

Le harcèlement dans l’Éducation nationale prend souvent des formes insidieuses : intimidations, menaces, injonctions contradictoires, isolement du collectif de travail, ou encore diffamation. Par exemple, des enseignants peuvent être victimes de rumeurs infondées sur leur prétendue absence, leur manque d’autorité ou d’implication. Cela peut également toucher les agents non-enseignants, dans une atmosphère délétère où la réputation et la santé mentale des victimes sont gravement affectées. 

 

Le plus insidieux est lorsqu' un agent trouve un relais chez un supérieur hiérarchique, un secrétaire, pour encore plus isoler sa victime. Dès lors, le harcèlement se généralise, à plusieurs contre un, et se défendre devient impossible.

 

Il y a urgence vitale à s’extraire de la situation, et c’est ici que l’inertie administrative peut se révéler encore plus destructrice. La situation est effectivement plus délicate si on fait face à un réseau d’influence et d’amitiés au sein d’un établissement ou de l’administration. Impunité, inertie, tout semble protéger les agents harceleurs, la victime devient coupable. Ce schéma, nous l’entendons trop souvent dans les témoignages que nous recevons. 

 

Minimiser ces agissements semble être devenu le lot commun, par découragement, par lâcheté ou par sentiment d’impuissance, et ceci contribue à l’aggravation de la situation, individuelle et collective. Il y a une responsabilité morale, mais aussi légale.

 

Ne pas agir ne doit pas être une excuse. Ne pas agir, c’est être susceptible d’être complice. 

 

Ces comportements n’ont pas seulement un impact sur les victimes, mais aussi sur le bon fonctionnement du service public. Ils touchent indirectement les élèves. Etant professeur, je suis très sensible à ce point. Anticiper et prévenir ces situations est essentiel pour garantir un environnement de travail sain et protecteur, indispensable au bon fonctionnement de l’institution.

 

AIDE AUX PROFS

Votre association concerne-t-elle seulement les professeurs, ou tout agent contractuel ou titulaire ? Comment pensez-vous pouvoir agir au sein de chaque académie en prévention comme en remédiation ?

 

Guillaume DELABY

HELPEN s’adresse à tous les agents de l’Éducation nationale, qu’ils soient contractuels ou titulaires. Nous voulons toucher un maximum de victimes potentielles, car le harcèlement moral n’épargne personne.

 

Nous prévoyons de nous implanter dans chaque académie avec des relais locaux pour offrir un soutien immédiat et mettre en place des actions de prévention.

 

Actuellement, nous concentrons nos efforts sur les trois académies franciliennes (ndlr: Créteil, Paris, Versailles). Nous accompagnerons les victimes dans leurs démarches administratives et juridiques, tout en travaillant avec des professionnels pour mieux comprendre les mécanismes qui aggravent ces situations.

 

AIDE AUX PROFS

Certaines techniques managériales enseignées aux chefs d’établissement et aux inspecteurs leur donnent tous pouvoirs sur ceux qu’ils dirigent. Comment comptez-vous agir pour traiter le mal à la racine sans attendre de telles extrémités ?

 

Guillaume DELABY

Le pouvoir hiérarchique, mal encadré, permet parfois l’usage de techniques managériales brutales. Nous pensons que la clé réside dans la formation et la responsabilisation des équipes de direction. Il est crucial de former les chefs d’établissement à des pratiques éthiques et à une gestion saine des relations interpersonnelles.

 

HELPEN souhaite également promouvoir des mécanismes de contrôle indépendants pour s’assurer que les plaintes soient examinées de manière impartiale. Si nécessaire, nous aiderons les victimes à effectuer des signalements jusqu’aux plus hautes autorités de l’Éducation nationale et de la Justice.

 

AIDE AUX PROFS
Dans vos statuts vous montrez aussi la volonté d’agir pour le bien-être au travail des personnels en liant prévention du harcèlement et burn-out. Comment comptez-vous agir pour réduire le burn-out qui peut affecter les nouveaux professeurs dès leur 2e année dans le métier ?

 

Guillaume DELABY

Nous intégrons dans notre réseau des professionnels de santé psychique, des psychologues spécialisés dans la souffrance au travail. Nous ne prétendons pas nous substituer aux experts, mais nous proposons des ateliers de gestion du stress, des groupes de soutien, et des formations sur la résilience. En abordant la question du harcèlement de front, nous réduisons également les sources de stress qui conduisent au burn-out.

 

Nous espérons à terme publier un livre blanc sur ces problématiques, afin d’influer sur les pratiques de l’Éducation nationale.

 

AIDE AUX PROFS
Une GRH de proximité s’est déployée dans toutes les académies en étoffant les effectifs des services RH, les IEN, IA-IPR et Perdir y voyant le moyen de diversifier ainsi leur carrière. Trouvez-vous pertinent que ces supérieurs hiérarchiques puissent en même temps s’occuper du bien-être au travail des personnels ?

 

Guillaume DELABY

Cette approche peut poser problème lorsque les mêmes personnes qui exercent un pouvoir disciplinaire sont aussi en charge du bien-être des personnels. Il est essentiel que des médiateurs indépendants soient impliqués pour assurer une gestion équilibrée et équitable des conflits.

 

D’après mon expérience personnelle, la GRH de proximité a souvent aggravé ma situation au lieu de l’améliorer. Elle n’est pas, à mon sens, la solution adéquate dans ce contexte.

 

AIDE AUX PROFS

La GRH de proximité déployée depuis 5 ans vous paraît-elle efficace pour favoriser l’écoute des enseignants en difficulté au travail ? Par votre expérience du harcèlement, qu’en pensez-vous ?

 

Guillaume DELABY

D’après mon expérience, la GRH de proximité n’a pas montré son efficacité. Trop souvent, les demandes de protection fonctionnelle ou les signalements restent sans réponse pendant des mois, voire des années. Cette inertie ne fait qu’aggraver les souffrances des victimes, et laisse les harceleurs agir en toute impunité.

 

Il est urgent de réformer ce système, avec des mécanismes plus transparents et réactifs, ainsi qu’une meilleure coordination entre les services de ressources humaines, les affaires juridiques, et les services médicaux.

 

AIDE AUX PROFS
Quelles formes d’aide les professeurs qui se sentent victimes d’un harcèlement pourront-ils trouver auprès de votre association HELPEN ?

 

Guillaume DELABY

HELPEN propose une écoute bienveillante, des conseils juridiques dans la limite de nos connaissances, et un accompagnement personnalisé dans les démarches administratives. Nous mettons également en relation les victimes avec des professionnels de santé spécialisés dans la souffrance au travail.

 

Nous nous engageons à être un soutien concret pour toutes les victimes de harcèlement moral dans l’Éducation nationale.

 

AIDE AUX PROFS

Quel appel voulez-vous lancer à nos milliers de lecteurs pour vous aider à atteindre vos objectifs ? Quels sont ceux que vous voudriez réussir dès la fin de l’année scolaire 2024-2025 ?

 

Guillaume DELABY

Nous appelons tous les personnels de l’Éducation nationale à se mobiliser contre le harcèlement moral, en refusant d’être témoins inertes de ces situations. En rejoignant HELPEN, vous pouvez contribuer à créer un environnement de travail plus serein, respectueux et bienveillant.

 

D’ici la fin de l’année scolaire 2024-2025, nous espérons avoir implanté HELPEN dans plusieurs académies et lancé des campagnes de sensibilisation pour prévenir le harcèlement et promouvoir le bien-être au travail.

 

Soutenez-nous, adhérez à HELPEN !

Ensemble, contre le harcèlement et l’inaction !

 

Guillaume DELABY, au nom des membres fondateurs de l’association HELPEN

 

 


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