Le Projet Loi de Finances présenté à l'assemblée nationale pour 2025 par Michel Barnier Premier Ministre ne fait pas de cadeau aux professeurs. C'est le retour des vaches maigres avec une diminution de 3.815 postes d'enseignants (dont 3.155 dans le 1er degré Public et 660 dans le 1er degré Privé) et 220 dans le 2nd degré (180 pour le Public, 40 pour le Privé), découlant d'une diminution du nombre d'élèves.
Des suppressions de postes, ce sont des conditions d'enseignement altérées avec une augmentation des effectifs des classes.
La brique principale du Pacte devient bel et bien celle du remplacement dans les établissements par les collègues: cela devient une priorité. De quoi mettre une belle ambiance en salle des profs et culpabiliser les absents.
Pourtant le budget de l'Education nationale passe à 63 milliards d'euros contre 62,2 milliards en 2024. Il ne prévoit pas de revalorisation générale des professeurs comme il était d'usage d'en demander à chaque nouveau ministre pour les syndicats, mais la succession de 6 ministres en deux ans n'aide pas à avancer dans ce sens.
Depuis mai 2017, la politique suivie est celle d'une réduction douce des effectifs (près de 9.000 en moins en 7 ans), mais bien réelle, en ne renouvelant pas certains départs en retraite.
L'intention de l'Etat, en pleine crise du métier de professeur, de moins en moins attractif, est-elle de changer de mode de recrutement, et de profiter du papy-boom pour recruter plus de professeurs contractuels pour mieux gérer ses besoins en ressources humaines ? Les classes d'âge partant en retraite les plus nombreuses ne sont pas encore atteintes.
Notons une forte différence avec l'Allemagne. Le budget qu'elle consacre à l'Education est de 21,5 milliards d'euros pour 11 millions d'élèves et 798.000 professeurs. La France, avec 1 million d'élèves en plus et 69.000 professeurs de plus, dépense 3 fois le budget de son voisin, alors que les professeurs allemands ont un salaire deux fois plus élevé en début comme en fin de carrière que les professeurs en France. Cela pose question sur la répartition des crédits de l'Education nationale en France.
L'Education nationale investit-elle trop d'argent dans des réformes continuelles, au lieu de les consacrer à la revalorisation de ses agents ?
Le mal aimé du système, en France, est bel et bien le professeur.
Le PLF 2025 accroît toutefois la possibilité de missions "PACTE" pour remplacer ses collègues absents avec 50.000 nouveaux contrats possibles.
L'Education nationale est en train de réussir son pari contre les syndicats: faute de ne pouvoir revaloriser 100% des professeurs, elle a créé depuis 2 ans une forme de rémunération au mérite pour ceux prêts à travailler plus pour gagner plus. L'augmentation de pouvoir d'achat est bien réelle, mais au prix d'un alourdissement du temps de travail, et de la création d'une zizanie dans les salles des profs, avec ceux qui n'écouteront plus les syndicats, préférant gagner plus en remplaçant leurs collègues que de perdre un jour de salaire à chaque journée de grève.
L'Education nationale souligne que la mise en oeuvre du PACTE enseignant a permis de tripler le taux d'efficacité de remplacement de courte durée dans le 2nd degré par rapport à 2022-2023.
Nous nous sommes interrogés sur la persistance en 2025 comme prévu dans la loi DUSSOPT, du financement de la Rupture Conventionnelle. Il nous a été confirmé par le Directeur Adjoint du Cabinet de Anne GENETET qu'elle serait toujours financée pour cette dernière année. Nous avons constaté cependant que le pourcentage d'acceptation a été en diminution depuis sa mise en oeuvre en 2020. Nous estimons que le taux de refus a été supérieur à 85% en 2023-2024.
Il y a fort à parier que l'obtention d'une Indemnité pour Rupture Conventionnelle à la rentrée 2025 relève désormais de l'exploit pour un professeur.
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