· 

Professeurs, c'est bientôt les congés de noël, courage !


Ceux qui ont enseigné à l'université n'endurent pas la souffrance des professeurs des écoles, de collège et dans une moindre mesure, de lycée. C'est vraiment une question de niveaux d'âges. Le quotidien des professeurs des écoles en Maternelle et Primaire, et celui des professeurs Certifiés et Agrégés en collège est éprouvant. Leur emploi du temps ne se limite pas à leurs cours et leurs congés ne sont pas de six mois par an. Ils dépensent une énergie de dingues au 21e siècle...

 

A la rentrée de septembre ils se sont tous bien reposés des 9 semaines de congés d'été, pour ceux qui n'avaient pas pris le Pacte, et pour ceux qui n'étaient ni correcteurs du DNB ni du BAC et qui ont joué les prolongations, rognant une petite semaine.

 

La société feint d'oublier que les professeurs n'ont pas un temps de congés bien défini : ce sont les congés de leurs élèves, et leurs congés s'y adaptent. Alors tous les parents les croient en vacances, ce qui est totalement faux.

 

Les professeurs des écoles et de collège font face à des élèves souvent agités, avec des cas problématiques de plus en plus nombreux par classe: des élèves "DYS" (dysorthographique, dyscalculiques, etc), des élèves en difficulté auxquels sera prescrit un "PAP", un "PAI", un "GEVASCO", pour leur faciliter chaque niveau de scolarité, et les traîner avec la sensation d'avoir fait le même niveau de classe que leurs camarades, ce qui est totalement faux.

 

Les professeurs n'en peuvent plus de tous ces dispositifs destinés à éviter les redoublements, et bon nombre d'élèves qui savent à peine lire et écrire se traînent d'un niveau à l'autre, devenant des perturbateurs. Les professeurs de lycée finissent par être impactés eux aussi par ce laxisme d'une Ecole qui a laissé tomber le niveau de ses élèves pour satisfaire en priorité les parents, soucieux que leur élève ne redouble pas. 

 

De septembre à la Toussaint, c'est 7 semaines épuisantes et dès la 5e semaine, les profs n'en peuvent plus. Rares sont ceux qui ne prennent pas un petit arrêt maladie de quelques jours pour guérir une grippe, une gastro, une bronchiolite refilée par leurs élèves qui postillonnent à tout va, nombreux dans les classes, les couloirs, les escaliers.

 

Les 15 jours des congés de Toussaint ne sont pas reposants: les professeurs y corrigent leurs copies, préparent leurs cours des prochaines semaines. L'automne se termine, l'hiver arrive avec le froid, et un temps d'ensoleillement réduit, et une fatigue qui augmente au fil des semaines, avec des élèves excités, et de plus en plus d'incivilités, mal réprimées, car encore une fois, les chefs d'établissement préfèrent avoir la paix avec les parents susceptibles de les agresser verbalement ou physiquement dans le cas contraire, que de soutenir leurs professeurs, qui doivent se faire une raison: il leur faut avoir de l'autorité, tout gérer eux mêmes.

 

Les professeurs endossent le rôle d'animateur, de gendarme, d'éducateur, de psychologue, et accessoirement de professeurs, avec toujours la crainte lorsqu'ils ont le dos tourné en collège ou au lycée, qu'un élève les filme et diffuse ses images sur les réseaux sociaux, exposant le professeur à ce que l'on peut imaginer de pire, désormais, depuis les assassinats de Samuel PATY et de Dominique BERNARD.

 

Professeur n'est plus une fonction protégée. Ils sont moqués par certains politiques qui veulent faire du buzz sur leurs dos. Ils sont mal payés en regard de leur niveau de formation et avec l'endettement colossal de la France qui est sous le coup d'un avertissement financier de la part de la BCE pour ses 112% d'endettement sur son PIB, les marges de manoeuvre sont très étroites, permettant juste de les augmenter chacun de  10 à 20 euros par mois, mais pas de les augmenter de tout ce que la génération qui a travaillé des années 1980 à 2024 a perdu: plus de 50% de pouvoir d'achat en moins, avec une perte moyenne de plus de 250.000,00 € sur ses 40 ans de carrière.

 

Le voilà le scandale français: des professeurs surchargés de travail par des ministres qui multiplient les réformes, conseillés en cela par des hauts fonctionnaires du système qui constituent leurs cabinets, au lieu de proposer aux professeurs "une pause dans les réformes" après une crise sanitaire qui fut violente et épuisante pendant 3 ans (2020-2023) et que les professeurs n'ont pas oublié, épuisés par les protocoles changeant constamment, et par la crainte, psychologiquement, d'attraper le Covid19 par un de leurs élèves.

 

Professeur, AIDE AUX PROFS comprend ton épuisement ! 7 nouvelles semaines à devoir être de bonne humeur, à faire taire les bavards, à lutter contre les fainéants, à répéter 15 fois la même chose, à égosiller ta voix, à subir des acouphènes quand tu as dépassé les 50 ans... 

 

Alors ne travaille pas pendant tes congés de Noël: ce sont des congés qui doivent te reposer, loin du tumulte des couloirs et classes de ton école, de ton collège, de ton lycée.

 

Si tu veux affronter 2025 en forme, ne donne pas de devoirs à faire à tes élèves avant les congés de Noël, n'emporte pas de copies chez toi à corriger.

 

Lève le pied.

Fais une pause.

 

Préserve-toi. Avec 77 médecins du travail pour 867.000 professeurs, tu sais que l'Education nationale n'a pas du tout investi depuis des décennies dans ton bien-être au travail, et qu'aller rencontrer le Conseiller Mobilité Carrière de ton académie ne sert pas à grand chose: il n'a rien d'autre à te proposer que de rester professeur, de devenir chef d'établissement, gestionnaire d'établissement (rebaptisé pompeusement "secrétaire général"), ou IEN si tu es PE ou Certifié(e), et IA-IPR si tu es agrégé(e).

 

Il n'y a dans le système de postes de reconversion que pour 3% des professeurs de France, alors que toutes les enquêtes de l'UNSA depuis 2005 montrent que près de 40% des professeurs aimerait faire autre chose que d'enseigner durant ses 43 ans de carrière, désormais.

 

Dessin de LASSERPE pour AIDE AUX PROFS


Écrire commentaire

Commentaires: 0