· 

Devenir ministre de l'éducation nationale, est-ce être compétent en éducation ?


Dès sa nomination comme Ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth BORNE a prévenu: elle ne s'y connaît pas trop en éducation, elle n'est pas spécialiste, et ses déclarations ont mécontenté des syndicats jamais contents...

 

En effet, ces mêmes syndicats râlaient aussi quand un spécialiste de l'éducation, Jean-Michel BLANQUER (professeur d'université, plusieurs fois Recteur, DGESCO également, Directeur de Cabinet d'un Ministre, il connaissait le job !), reste aussi longtemps en poste (5 ans, un record de longévité sous la Ve République).

 

Quand les ministres non spécialistes se sont succédé pendant 2 ans à l'éducation nationale, chacun restant peu de temps pour réaliser quoi que ce soit en refilant à son successeur le soin de mettre en place ses idées, ces syndicats ont aussi manifesté leur mécontentement.

 

Donc Elisabeth BORNE qui a déjà été Ministre et Premier Ministre, sait que pour satisfaire un syndicat, il faut se lever de bonne heure, que ça n'arrive que lorsqu'on accepte tout ce qu'ils demandent, et encore.

 

L'ouvrage "L'Education Nationale pour les Nuls" n'existe pas, mais ce serait l'occasion de le concevoir, en vue des prochaines nominations de Ministres "non spécialistes". 

 

Chaque Ministre de l'Education nationale nommé n'a pas besoin d'être expert en éducation, puisque de toute façon il ou elle nommera des hauts fonctionnaires qui ont fait tout leur parcours de carrière "dans la Grande Maison", et conseilleront autant que nécessaire dès lors qu'on les gratifie d'une mission temporaire de "directeur de cabinet", "chef de cabinet", "conseiller de ceci ou cela", mission qui leur permettra en remerciement de leurs loyauté indéfectible et de leurs bonnes idées (pompées ici et là auprès de leur Cour de Hauts fonctionnaires, à leur tour), de briguer la fonction d'Inspecteur Général (IGeSR) leur donnant accès au grade prestigieux "d'Administrateur de l'Etat" et de se retrouver Conseiller d'Etat, Conseiller Maître à la Cour des Comptes, Sous-Préfet, Préfet...

 

La bonne affaire est donc au niveau des hauts fonctionnaires chargés de conseiller une Ministre non spécialiste des questions éducatives, et de lui conseiller des réformes qui les intéressent, eux. Avec Jean-Michel BLANQUER c'était impossible de le berner, car il avait des tonnes d'idées innovantes, et l'envie de révolutionner le système. Mais Emmanuel MACRON ne lui en a pas donné assez le temps ni les moyens, tellement il y a à faire dans ce Mammouth. 

 

Ils ont été nombreux depuis mai 2017 à s'atteler au dégraissage du Mammouth, en mémoire de celui qui tenta de s'y atteler le premier, Claude ALLLEGRE, décédé à 87 ans le 04.01.2025.

 

Et ce n'est pas chose facile, malgré la parution en 2017 d'un "Et si on tuait le Mammouth ?" proposé par un ancien Recteur et Directeur d'Administration, Bernard TOULEMONDE, qui sait de quoi il parle, lui.

 

Alors une Ministre non spécialiste à l'éducation nationale est une chance, une formidable chance, à condition qu'elle n'écoute pas trop les hauts fonctionnaires qui ne veulent surtout rien changer de ce qui leur donne leur immense pouvoir: le Mammouth tel qu'il fonctionne. Ils ont tous la trouille de le voir être démantelé.

 

Ils sont pléthore de hauts fonctionnaires avec des primes très élevées (merci le RIFSEEP avec sa part fixe et sa part variable, et merci la NBI) à vouloir continuer de piloter de grands collectifs en administration centrale et aucun ne veut envisager un système français comparable à la Suisse ou l'Allemagne, qui ferait que tout se décide au niveau de chaque académie, sans doublon en administration centrale.

 

Car ce que devrait considérer Elisabeth BORNE, tout de même, et tous ceux qui au Ministère de l'Economie et des Finances veulent réaliser des économies pour désendetter la France, c'est ce comparatif édifiant de la gabegie de services administratifs inutiles dans ce Mammouth.

 

=>  L'Allemagne fonctionne par Länder avec un budget de 21,5 milliards d'euros en 2024, pour 798.000 professeurs et 11 millions d'élèves.

 

=> La France, avec 867.000 professeurs (donc 69.000 de plus) et 12 millions d'élèves (donc 1 million de plus), a besoin, elle, d'un budget de 63 millions d'euros, soit 3 fois plus !

 

Pourtant, le salaire des professeurs en Allemagne est le double de ceux des professeurs en France.

 

Il y a donc un ENORME PROBLEME : COMBIEN COUTENT LES ADMINISTRATIONS CENTRALES DE L'EDUCATION NATIONALE A L'ETAT ?

 

OU Y A-T-IL DES SERVICES ADMINISTRATIFS EN DOUBLON, OU MULTIPLES POUR LA MEME CHOSE ?

 

C'est ce qu'une personne "non spécialiste" devrait regarder en priorité, en demandant un audit financier de ce qui coûte cher et puisse expliquer ce budget 3 fois plus important en France qu'en Allemagne alors que les professeurs français sont si mal payés, en-dessous de la moyenne des pays riches de l'OCDE.

 

Madame la Ministre, ne vous laissez pas mener par le bout du nez par vos conseillers qui ont tout intérêt à ce que rien ne change. Votre chance, c'est de ne pas être spécialiste, et de pouvoir prendre le temps d'observer, pour n'avoir aucun état d'âme à démanteler cet immense édifice administratif qui ne profite qu'aux hauts fonctionnaires, et pas aux professeurs.

 

=> Les professeurs ont besoin qu'on les laisse tranquille en arrêtant les réformes des programmes, ils en ont plus qu'assez. Ils finiront par les concevoir avec les outils de l'IA tellement ça les a surchargés de travail jusqu'ici, et tout le système y perdra.

 

=> Les professeurs ont besoin de considération au travail, ce dont le système de management des hauts fonctionnaires actuel et depuis 20 ans n'a jamais été capable (sauf pour eux-mêmes entre pairs).

 

=> Les professeurs ont besoin de perspectives de carrière nettement plus diversifiées qu'actuellement, les administrations centrales ayant vraiment négligé le sujet depuis l'article 77 de la loi ayant réformé les retraites en 2003 en allongeant les carrières de 4,5 ans. A la place des "secondes carrières promises", les académies ont multiplié les  "nécessités de service" pour empêcher la majorité de ceux qui veulent partir, de le faire. Près de 80% des demandes de Rupture Conventionnelle et de Démissions sont refusées par les académies, et ce taux de démissions de "0,38%", personne n'y croit, ce serait au moins 10 fois plus sans les nécessités de service !

 

La vérité, c'est que l'Education nationale est une prison pour celles et ceux qui décident d'y obtenir un concours, lequel leur donne un grade, et une sécurité d'emploi que le système les empêchera autant que faire se peut, de quitter. Est-ce bien cela, "la France, Terre de libertés ?"

 

=> Les professeurs n'ont donc pas confiance dans ceux qui les gèrent, c'est impossible, puisqu'ils agissent à l'opposé des besoins des professeurs. Ils passent leur temps à leur mentir, sans tenir leur parole, en plus.

 

Si le système de management ne change pas, c'est tout le système qui va s'effondrer dans les 20 ans qui viennent, avec le papy-boom, puisqu'au lieu de venir enseigner dans le système français, les meilleurs professeurs préfèreront aller négocier leurs compétences en Allemagne, au Luxembourg, en Belgique, en Suisse, au Canada, où ils sont assurés de gagner 2 à 3 fois mieux leur vie qu'en France. Il restera en France d'excellents professeurs bien payés dans le système "hors contrat", et dans les Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE), et pour l'enseignement public, les enfants de la nation dont les parents ne peuvent pas s'offrir autre chose que la REP de quartier, feront ce qu'ils peuvent avec les profs qu'on leur aura trouvés, dénichés au fin fond de la liste complémentaire d'un concours où les résultats auront été médiocres, ou, pis, recrutés par job dating par des IEN et des IA-IPR qui auront bradé leurs compétences pour recruter "les premiers venus".

 

L'EDUCATION NATIONALE POUR LES NULS

 

LE DECES DE CLAUDE ALLEGRE

 

LES SYNDICATS MECONTENTS DE JEAN-MICHEL BLANQUER

 

LES SYNDICATS MECONTENTS DE PAP NDIAYE

 

LES SYNDICATS MECONTENTS DE GABRIEL ATTAL

 

LES SYNDICATS MECONTENTS DE AMELIE OUDEA-CASTERA

 

LES SYNDICATS MECONTENTS DE NICOLE BELLOUBET

 

LES SYNDICATS MECONTENTS DE ANNE GENETET

 

LES SYNDICATS MECONTENTS DE ELISABETH BORNE, A PEINE NOMMEE

 

ETC...

 

Soazig LE NEVE et Bernard TOULEMONDE "Et si on tuait le mammouth ?" aux éditions Mikros.


Écrire commentaire

Commentaires: 0