Depuis l'article 77 de la loi de réforme des retraites de 2003 qui avait promis des secondes carrières aux enseignants, les promesses de François FILLON puis Dominique DE VILLEPIN n'ont pas été atteintes par l'administration de l'Education nationale, qui a actuellement 20 ans de retard pour la mise en oeuvre.
L'éducation nationale fonctionne toujours dans l'obsession que le professeur qui obtient son concours y restera toute sa vie. Ce ministère est en complet décalage avec son temps !
En 2005, le Ministre de l'Education nationale François FILLON avait promis "500 postes par an" pour les secondes carrières des enseignants, et en 2006, Dominique DE VILLEPIN avait promis "1.000 postes par an" pour ces fameuses secondes carrières que l'administration devait créer.
Il n'en a rien été, puisque si ces promesses avaient été suivies d'effets, ce sont 20.000 secondes carrières qui auraient été créées, alors qu'à la place, les hauts fonctionnaires ont fonctionné sur l'existant.
Le pire, c'est qu'ils sont dépendants en la matière de ce que le budget (Projet de Loi de Finances = PLF) leur autorise chaque année. Et la France fonctionne quasiment à reculons quand il s'agit de créer des secondes carrières pour les professeurs :
1) D'abord, il y a les recommandations régulières de la Cour des Comptes qui va toujours alerter sur le montant des dépenses de l'Education nationale. Alors même que François FILLON promettait en 2005 des secondes carrières à raison de 500 postes par an, puis Dominique DE VILLEPIN 1.000 postes par an, les Députés ont obligé l'éducation nationale de 2005 à 2012 à supprimer la quasi totalité des postes dits de "mise à disposition", et ce sont 5.217 postes occupés par des professeurs sur des missions d'animation, de médiateur de musée, de formateur, de chargé de communication, de concepteur pédagogique, etc, qui ont été supprimés (cf PDF en fin d'article, à lire absolument).
Il ne reste que 150 postes en "mise à disposition", au plus, à travers la métropole. Le reste ne sont que des postes "bricolés" à l'année par les académies, et constituent des "postes éjectables", ceux qui les occupent étant obligés de faire attention à ce qu'ils disent sur leur lieu de travail, et d'être corvéables à merci, s'ils veulent prolonger leur mission. C'est de cela dont tu rêves comme "Seconde Carrière" ?
Une partie des postes en détachement administratif a commencé aussi à être supprimée. Plus de 400 postes en détachement ont été supprimés depuis 20 ans, et lorsque l'Education nationale dit créer des postes, c'est l'inverse qui se produit, dans la réalité des PLF. C'est une partie de "poker menteur" fort préjudiciable aux enseignants auxquels est proposé un véritable miroir aux alouettes.
Mi-Janvier 2025 François BAYROU Premier Ministre a annoncé qu'il fallait faire des économies sur le millier d'opérateurs de l'Etat. Ce qui implique la suppression de Secondes Carrières actuellement occupées par des professeurs.
2) Ensuite, les députés et sénateurs vont exiger des économies et faire supprimer des postes. Certains hauts fonctionnaires zélés ont eu l'idée d'en supprimer un peu plus (notamment sous le Ministre Luc CHATEL) pour plaire à leur hiérarchie, qui les récompensera d'une manière ou d'une autre (primes, médaille, meilleur grade, etc). Cela s'est déjà produit plusieurs fois depuis 2005.
3) Enfin, les administrations des académies et notamment les Chefs de Division dont font partie les DRH, agissent comme des géôliers en multipliant les "nécessités de service" pour empêcher les professeurs qui le souhaitent, de repartir.
C'est ainsi que ceux qui ont voulu obtenir "la sécurité de l'emploi" comprennent que c'est nettement plus qu'une sécurité : c'est un emprisonnement professionnel parfaitement organisé au 21e siècle, qui jouera sur leur "peur de leur hiérarchie", les contraignant à devoir accepter tout refus de leur demande (de temps partiel, de mi-temps, de mutation, de détachement, de disponibilité, de rupture conventionnelle et même de démission) pour "nécessité de service" (ou dit autrement, le résultat sera strictement le même).
Consulte les différents rapports ci-dessous de ces Députés et de ces Sénateurs qui se sont émus il y a 20 à 30 ans, de "tous ces professeurs qui étaient payés à faire autre chose que d'enseigner".
La vérité est que notre pays fonctionne toujours avec cette Education nationale gigantesque, ce "Mammouth", avec la ferme intention de le maintenir tel quel, par pure paresse politique et ministérielle de le scinder comme chez nos voisins européens, en un système beaucoup plus souple et donc maniable.
L'Education nationale paraît être le ministère du changement, mais elle ne change pas.
Elle multiplie les réformes toutes aussi coûteuses les unes que les autres, surchargeant de travail ses 867.000 professeurs, sans les augmenter comme ils l'espèrent. Depuis 45 ans, le pouvoir d'achat des professeurs de la génération qui part actuellement en retraite, s'est réduit de 50% : c'est un véritable déclassement social qui s'est opéré, et rien ne montre en 2025 avec un état endetté à hauteur de 3.200 milliards d'euros, que la situation va s'améliorer.
Entre les mains des politiciens négligents, et d'une administration qui aura été maltraitante envers les professeurs depuis le début des années 2000, le métier de professeur a beaucoup perdu de son intérêt alors que les exigences de niveau ont fortement augmenté.
Il est clair qu'avec le papy-boom, les étudiants et les salariés auront un choix de plus en plus vaste de propositions de postes, et réfléchiront à deux fois avant de se laisser emprisonner dans un ministère qui ne possède que 3% de possibilités de faire autre chose pour sa masse salariale.
C'est extrêmement faible, et c'est le reflet du désintérêt depuis plus de 20 ans des hauts fonctionnaires pour les envies de secondes carrières des professeurs. Les hauts fonctionnaires ont très mal anticipé les besoins de secondes carrières des enseignants, et avec la pénurie actuelle, le manque d'attractivité du métier de professeur en France, avec des conditions d'exercice dégradées, et un revenu qui peine à dépasser 1,4 Smic avec un Master2 et 2,5 Smic en fin de carrière 43 ans plus tard, le métier d'enseignant fait désormais partie de ceux où la perte de pouvoir d'achat sur 43 ans d'activité est garantie dès le départ, ce qu'aucun parent ne souhaite à ses enfants dans leur vie active future.
Actuellement, le nombre de secondes carrières accessibles aux enseignants est nettement inférieur à ce qu'il était avant l'année 2005.
RAPPORTS A LIRE :
- Le Rapport n°328 du SENAT de 1998 détaillant tous les postes MAD et en Détachement occupés par les professeurs, et qui pourraient être économisés.
- le Rapport n°2215 de l'ASSEMBLEE NATIONALE de 2005 détaillant tous les postes MAD et en détachement occupés par les professeurs, et qui pourraient être supprimés pour faire... 150 millions d'euros d'économies. Voilà les économies de "bouts de chandelles" réalisées entre 2005 et 2012 qui ont sacrifié plus de 5.600 postes de "secondes carrières" qui auraient tant rendu service aux professeurs dont la carrière a été allongée de 6 ans au fil des réformes des retraites.
François BAYROU prévoyant de supprimer une partie des opérateurs de l'Etat.
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