Le 23 janvier 2025, le SNES-FSU alertait les médias sur la hausse des suicides d'agents de l'éducation nationale dans l'académie de Normandie.
Les médias ont massivement relayé l'information, ils ont été nombreux.
Il aura fallu quand même un nouveau temps de réactivité de 6 jours pour que l'académie exprime ses regrets d'avoir tardé à réunir la FS exceptionnelle consacrée à la prévention du risque suicidaire.
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Dans un ministère qui gère 1.400.000 agents, il est quand même étonnant que ceux chargés de veiller au bien-être des professeurs, qui constituent 61,9% de la masse salariale (et seront bientôt si l'administration continue de gonfler ainsi, plus que la moitié des effectifs) ne soient pas mieux gérés, à l'époque d'une "GRH de proximité" déployée depuis 2019, et dont on se demande de qui, dans ce cas présent, elle a pu "être proche", puisqu'il aura fallu attendre cette alerte syndicale complétée d'un délai de réaction des plus hautes instances RH académiques, de 6 jours.
D'ordinaire dans l'Education nationale, on n'aime pas les vagues...
D'ordinaire dans l'Education nationale, les hauts fonctionnaires jouent le mutisme en espérant que la vague médiatique va s'essouffler, se dégonfler comme un soufflé par un gros "pschiiit !".
Cette vague médiatique aura duré suffisamment longtemps, 6 jours, pour que, certainement, Elisabeth BORNE se saisisse de son téléphone pour demander à la Rectrice de Normandie, au moins, de s'excuser, puis de résoudre cette affaire dans les meilleures conditions possibles.
La FSU dit, dans sa déclaration du 29 janvier 2025 que "dans plusieurs cas, ces suicides n'étaient visiblement pas ou pas pris en compte par le Rectorat". Nous nous permettons de vous garder en mémoire ci-dessous leur déclaration syndicale (pour éviter à l'avenir "une page 404").
L'Education nationale, un trop grand ministère où toute GRH de proximité devient impossible ?
Quand un agent de l'éducation nationale ne se rend plus à son travail, le minimum est de s'inquiéter, pour ne pas voir reçu de sa part un appel téléphonique ou un mel expliquant cette absence. Si un congé maladie n'est pas parvenu dans les 3 jours, toujours sans nouvelles, c'est la procédure d'abandon de poste qui peut être déclenchée. C'est étonnant que les RH ne soient pas mieux organisés dans cette académie pour veiller au bien-être des personnels, alors qu'il y a 20 ans, l'académie de Rouen (avant la fusion des deux académies de Rouen et Caen) bénéficiait d'un service "AISSE" chargé de porter assistance aux personnels d'éducation en souffrance, et qui fonctionnait très bien.
La fusion des 2 académies a-t-elle négligé la GRH ?
La fusion des deux académies, qui a provoqué le départ de différents agents, et soulevé dans un premier temps les personnels contre cette idée, a-t-elle eu cet effet délétère de réduire la notion de "bien-être RH" dans cette double académie ?
Souvent, les effets psychologiques des restructurations à marche forcée se jouent en valse à 3 temps:
- le premier, par la contestation collective
- le deuxième par l'éloignement/l'éviction des perturbateurs pour imposer le changement
- la troisième par un mal-être qui perdure, mais maintenu dans le silence par la hiérarchie
D'autres médias depuis la synthèse que nous en avions faite, poursuivent leur action de relais, le temps de connaître les décisions de la "FS exceptionnelle", au moins, et de la Ministre, espérons le. Pour l'instant, ce qui aurait pu être le minimum, aucune déclaration n'a eu lieu pour rappeler la mémoire des agents suicidés, qui resteront apparemment dans l'oubli. Une manière de faire ressentir à chaque agent qu'il n'est qu'un numéro dans la liste des 1.400.000 agents.
En 2025 comme depuis plusieurs décennies, la "médecine du travail" à l'Education nationale est un vrai numéro d'illusionniste
En 2025, il n'y a plus que 77 médecins du travail en France pour 1.400.000 agents, et le nombre de médecins du travail va se réduire au fil de leurs départs en retraite, puisque les candidatures se font extrêmement rares. Lorsque nous avions rencontré Josette THEOPHILE le 20 avril 2010 (il y a donc plus de 14 ans !), elle nous avait dit avoir lancé un recrutement de "50 médecins du travail", mais que "4 seulement avaient été recrutés", les autres candidats estimant que le salaire et les conditions de travail proposées n'étaient pas intéressants. Ce qui peut signifier que les médecins du travail qui restent dans l'éducation nationale sont ceux qui n'ont pas réussi ailleurs, et sont peut-être des gens désabusés, et malheureux professionnellement...
LISTE DES MEDIAS QUI EN ONT PARLE
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