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Ancien Recteur de l'académie de Clermont-Ferrand, Professeur d'université en Mathématiques, ancien membre du Haut Conseil de l'Education, ancien Président de l'AFAE, ayant réalisé de nombreuses conférences à l'ESEN/IH2EF vers des personnels d'encadrement, Alain BOUVIER se distingue de nombreux cadres de l'Education nationale par sa liberté de parole et son écriture prolifique, qui le conduisent à publier tous les 1 à 2 ans un nouvel ouvrage, et diffuser des chroniques instructives...
Alain BOUVIER est un observateur curieux très attentif aux évolutions d'une Education nationale dont il connaît parfaitement les rouages pour avoir piloté une académie et avoir participé à de nombreuses instances.
Dans plusieurs de ses ouvrages il attirait l'attention sur le "système wébérien" que constitue ce Mammouth qui ne veut pas réaliser sa transformation structurelle pour réduire son échelle, à l'instar de ses voisins européens qui fonctionnent par Provinces (Belgique), Länder (Allemagne) ou Cantons (Suisse).
Les administrations centrales perdurent en France, tentaculaires et coûteuses, éloignées du terrain, avec des exigences souvent hors-sol, alors que la priorité, c'est le professeur, c'est le chef d'établissement, ce sont les agents au plus proche du terrain.
Dans ses différents ouvrages et chroniques que Alain BOUVIER nous a régulièrement adressés depuis notre première rencontre au colloque de l'AFAE en mars 2009,
il insiste sur la lenteur de ce système à changer, avec cette volonté des syndicats de rester dans le "statu quo" structurel.
Alain BOUVIER propose de nouveaux chemins, des idées.
"Pensées sur l'Education" est son dernier ouvrage paru le 23.10.2024 où il réfléchit au devenir du métier d'enseignant, à un moment où il est à la croisée des chemins:
- un papy-boom qui accroît considérablement les départs chaque année d'ici 2050, les effectifs annuels de départs en retraite des professeurs étant 3 fois plus importants sur 2022-2027 que ce qu'ils étaient de 2012 à 2017.
- une perte d'attractivité du métier d'enseignant de plus en plus mal payé en comparaison de ce que des étudiants et salariés du privé peuvent obtenir dans le privé ou dans d'autres administrations avec un Master2
- une Intelligence Artificielle en phase de transformer profondément le métier d'enseignant, puisque les élèves seront bientôt aussi capables de concevoir les cours du professeur, grâce aux capacités phénoménales d'argumentation produites par l'IA en un temps record. Le professeur même Agrégé ou Certifié n'est plus le seul détenteur du savoir. Désormais, des collégiens et lycéens astucieux pourront faire concevoir à l'IA les cours de leur professeur et les comparer à ce qu'il leur dira en classe. L'élève dépassera bientôt le maître sans effort, grâce à l'IA, c('est une révolution aux conséquences incalculables dans la pratique de ce métier au 21e siècle.
Alain BOUVIER nous dresse le portrait d'une école française apprenante et humaniste, alors que le système qui administre les professeurs fonctionne comme aux temps de Charlemagne, piloté d'une main de fer par quelques hauts fonctionnaires intransigeants et surexigeants, qui mettent la pression maximum pour que tous les agents de ce ministère de 1,4 million obésissent au doigt et à l'oeil. Et malheur à ceux qui souhaitent exprimer leur pensée profonde, qui souhaitent discuter le fond d'un décret, ou s'exprimer sur les méthodes que leur hiérarchie leur impose à tout bout de champ sans recueillir l'avis des ingénieurs pédagogiques de terrain que sont les professeurs.
Surtout, il plaide pour un retour à la beauté du métier d'enseignant, en favorisant le collectif, les projets, l'accompagnement, pour que chaque adulte qui choisit d'enseigner, en soit heureux.
Les années 2000-2020 ont été marquées par la montée de l'autoritarisme managérial envers les professeurs, qui y ont beaucoup perdu, traités comme des exécutants,
par une hiérarchie toujours trop exigeante, distante, écrasante. Il appelle à favoriser la créativité de l'enseignant, à le libérer de ses chaînes, à le libérer de ce système
administratif qui l'empêche de profiter à plein des multiples ressources de notre époque si innovante. La manière dont les enseignants sont gérés constitue toujours un frein, qui
explique que ce métier attire de moins en moins.
Alain BOUVIER nous transmet aussi des chroniques, qui sont autant de réflexions constructives destinées à faire évoluer cette Education nationale qui peine à se transformer pour s'adapter aux enjeux du 21e siècle.
Celle de Janvier s'intitule "L’individualisation des apprentissages ne doit pas être réservée qu’aux enfants des bobos des métropoles !"
Alain BOUVIER nous y alerte sur les dangers de cette fracture sociale entre enfants riches et enfants des classes moyennes et pauvres, entre ces
parents qui ont les moyens de proposer des activités extra-scolaires à leurs enfants, et ceux qui ne leur proposent rien. Les premiers continuent de s'ouvrir à la littérature, à l'esprit critique
tandis que les seconds passent leurs temps sur les jeux vidéos et les réseaux sociaux.
Comment l'Ecole peut-elle construire un savoir commun, éviter cette fracture sociale ?
Les contributions d'Alain BOUVIER sur nos sites:
21.11.2009 pour sa participation à notre conférence au Salon de l'Education
01.11.2011 pour sa préface du 2e guide Pratique de Rémi BOYER
29.04.2020 pour son analyse de la crise du Covid19 à l'Ecole
06.07.2020 pour sa 7e chronique
12.11.2019 pour son ouvrage "propos iconoclastes"
29.08.2020 pour sa 8e chronique
22.09.2020 pour sa 9e chronique
08.10.2020 pour sa 10e chronique
30.10.2020 pour sa 11e chronique
12.11.2020 pour sa 12e chronique
24.11.2020 pour sa 13e chronique
13.12.2020 pour sa 14e chronique
23.01.2021 pour sa 16e chronique
27.12.2021 pour son ouvrage "Sur l'école à la française"
07.02.2021 pour sa 17e chronique
30.05.2021 pour sa 19e chronique
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