Tribune · 22. février 2025

Les professeurs ont perdu 50% de leur pouvoir d'achat depuis 40 ans, et la seule proposition, c'est de reculer leur concours au niveau Licence...

Ceux devenus professeurs au début des années 1980 auront perdu plus de 50% de pouvoir d'achat durant tout leur parcours de carrière malgré leurs augmentations d'échelons. L'augmentation du point d'indice des fonctionnaires n'a pas été indexé sur l'inflation, une grave erreur de l'Etat, qui est allé jusqu'à geler plus d'une dizaine d'années le point d'indice. La génération qui part en retraite a perdu plus de 200 000 euros en moyenne par personne. Une honte pour la 7e puissance mondiale.

Elisabeth BORNE énième Ministre de l'Education nationale du quinquennat 2022-2027, d'un Président qui devait faire de l'Education une des ses priorités, a trouvé la solution pour revaloriser les professeurs: en revenant à un concours niveau Licence3, ils seront bien payés pour des Bac+3 avec tous les efforts salariaux réalisés depuis les PPCR de François HOLLANDE en 2016...

... voilà la prochaine "revalorisation" qui attend les professeurs : un jeu de dupes, un miroir aux alouettes, le comble de l'avarice.

L'augmentation des salaires des profs en France, c'est la patate chaude que se refilent tous les ministres, et 6 se seront succédé en 2024-2025, ce qui a anéanti les possibilités de chacun d'y changer quelque chose.

Les grilles indiciaires des professeurs en France font croire aux arrivants que leur progression de salaire sera rapide, après un début en fanfare, puisqu'ils ne passeront qu'un an dans le 1er échelon et un an dans le 2e échelon. Au début de sa carrière, le professeur perçoit des primes (jeune professeur, prime de déménagement, primes s'il a des enfants, etc) et au bout de 3 ans elles auront disparu.

Ensuite, de la 3e année (échelon 3) à la 13e année (échelon 7), c'est une progression à l'allure d'une limace...moins d'une centaine d'euros de plus par mois tous les 2 à 3 ans.

Il faudra attendre 14 à 24 ans pour obtenir tous les 3 à 4 ans une augmentation de 150,00 € en moyenne par mois, qui fondra comme neige avec l'inflation. Ceux qui passent à l'ancienneté attendront 2 ans de plus.

Puis viendra le temps de la "stagnation" en fin de classe normale, attendant qu'un inspecteur "remarque les efforts et la valeur professionnelle" du professeur et lui permette d'accéder à la hors-classe: compter 6 ans d'attente minimum, parfois 10 ans.

C'est entre 32 ans et 36 ans d'ancienneté, donc au mieux entre leurs 56 et 60 ans, que les professeurs auront le sentiment de "bien gagner leur vie", avec un salaire correspondant au salaire des 5 premières années de tout jeune ingénieur ayant réalisé 5 ans d'études... comme ce que leur Master2 avait exigé.

Ils seront peu nombreux à accéder à la "classe exceptionnelle": à peine 10% de chaque grade, à partir de leurs 60 ans au mieux. A quelques exceptions près: les "chouchous des inspecteurs, qui ont grimpé de manière fulgurante, 99% de leurs collègues se demandent "comment ?"

GRILLE DE PROGRESSION SALARIALE EN 2025 POUR:

- les professeurs des écoles (PE)

- les professeurs certifiés (PC)

- les professeurs de lycée professionnel (PLP)

- les professeurs agrégés (PA)

Comme l'Education nationale reconnaît rarement les efforts des professeurs, elle a abrogé l'échelle indiciaire des "bi-admissibles à l'agrégation", qui ont perdu de l'argent depuis le 5 mai 2017.

Enseigner en France c'est être continuellement frustré(e) d'un salaire qui augmente toujours moins vite que l'inflation, avec un pouvoir d'achat très inférieur aux cadres du privé ayant obtenu des diplômes du même niveau (Master2) que les professeurs.

Seuls les professeurs qui restent le moins longtemps possible enseigner, devenant chefs d'établissements ou inspecteurs, peuvent espérer tripler à quintupler leur salaire grâce aux primes très généreuses de ces corps.

- Les personnels de direction

(primes fixes et variables avec le RIFSEEP)

- les Inspecteurs de l'Education nationale (IEN)

(primes fixes et variables avec le RIFSEEP)

- Les inspecteurs d'Académie, Inspecteurs pédagogiques régionaux (IA-IPR)

(primes fixes et variables avec le RIFSEEP)

- les Attachés d'administration de l'Etat (AAE)

(primes fixes et variables avec le RIFSEEP)

Soit au maximum 3% de l'effectif global des professeurs sur une génération.

En fin de carrière les PE sont usés. Autrefois ils partaient à 55 ans en retraite, mais depuis les multiples réformes, ils doivent travailler 9 ans de plus, alors que plus de 65% d'entre eux souffrent de problèmes musculo-squelettiques à partir de leurs 50 ans.

C'est un vrai problème de santé publique et de souffrance au travail que ces lois reculant l'âge de départ en retraite ont créé.