La conception du métier de professeur en France est un énorme problème qui perdure, en décalage total avec les aspirations des professeurs expérimentés et des pratiques de GRH des pays voisins.
En France, l'Education nationale fait comme si chaque candidat au métier de professeur avait choisi ce métier pour toute sa vie, pour 43 ans (et peut-être bien plus selon les prochaines réformes des retraites).
En France, il est toujours très mal perçu par les RH de vouloir démissionner, et tous les acteurs s'ingénient à rendre au professeur la vie la plus difficile qui soit quand il en vient à demander une disponibilité, un détachement, une rupture conventionnelle ou une démission.
Il reste encore dans ce système des IEN, des IA-IPR, des Chefs d'établissement, des Chefs de Division, des Dasen, des Recteurs, qui se refusent à imaginer qu'un professeur une fois "entré dans la carrière", puisse repartir de sitôt.
Le métier de professeur ne peut pas redevenir attractif avec d'un côté un DGRH, Bors MELMOUX-EUDE, énarque, qui visite depuis plus de 18 mois déjà toutes les académies en répandant le message de bienveillance envers les personnels, et les nécessités de service énoncées majoritairement par ceux qu'il rencontre, envers les professeurs qui essaient d'aller rebondir ailleurs, au moment où ils l'ont décidé.

En 2012-2013 Rémi BOYER et José Mario HORENSTEIN ont co-écrit "Souffrir d'enseigner... Faut-il rester ou partir ?" et cet ouvrage n'a pas vieilli. Tout ce que tu peux y lire est toujours d'actualité, à l'exception des chiffres de démissions de professeurs et de professeurs en congés maladie et en postes adaptés qui n'ont fait qu'augmenter.
Rémi BOYER et José Mario HORENSTEIN, lassés de ne pas obtenir le paiement de leurs droits d'auteurs depuis 2016 par l'éditeur MEMOGRAMES, ont d'un commun accord repris leurs droits sur leur production, et te la diffusent en intégralité gracieusement, via AIDE AUX PROFS.
Sur ces plus de 400 pages, tu pourras ainsi, si tu es toujours étudiant ou si tu occupes un emploi dans le privé, en pleine réflexion sur une reconversion, évaluer comment sont considérés les professeurs au 21e siècle dans un système qui les revalorise trop lentement, à tel point que depuis le milieu des années 1980, le niveau moyen de leur salaire est passé de 2,5 SMIC à 1,4 SMIC, avec près de 50% de perte de pouvoir d'achat sur ces 40 ans de carrière. Une perte sèche, définitive, jamais compensée par les micro-augmentations, de 200.000,00 € pour tout professeur, la valeur d'un bel appartement.
Recruter des étudiants et des salariés à Bac+5 et les payer comme des employés, est-ce bien raisonnable ? Les professeurs ont les primes les plus basses des cadres de catégorie A des 3 fonctions publiques. Ils sont traités par leur hiérarchie comme des exécutants. Voilà la réalité du métier de professeur en France.
Le témoignage récent de Rémi MAUVOISIN, qui a quitté l'Education nationale : "j'ai découvert de que c'est de travailler normalement depuis que je ne suis plus prof", paru sur le Café Pédagogique le 01.12.2023.
Daniel AUVERLOT, IGEN, devenu par la suite Recteur de Créteil, en avait fait une très belle fiche de lecture dans le N°141 du Bulletin trimestriel de l'association AFAE


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