Socle de compétences, cahier de texte électronique, soutien scolaire personnalisé, E3C, etc. : toutes les taches que crée l’administration – peut-être pour anticiper la réforme des décrets de 1950 sur leur temps de travail obligatoire dans leur établissement ? - s’imposent aux professeurs d’une manière uniforme, sans tenir compte du fait que la charge de travail est différente selon les disciplines, et du contexte d’enseignement différent d’un établissement à l’autre.
Toute cette organisation descendante conduit l’enseignant à perdre confiance dans l’Institution, mais aussi en lui-même, lorsqu’il n’arrive pas à faire face, à suivre le mouvement, qu’il ressent comme un énième facteur de dégradation de ses conditions de travail. Dans de nombreux cas, les enseignants travaillent bien plus que le régime des "35 heures" dont bénéficient les autres agents publics, car les leur sont concentrées sur 36 semaines dans l’année.
Les 14 à 16 semaines de congés scolaires sont trompeuses, car le nouveau professeur en passera les 3/4 à préparer ses cours, corriger ses copies, soigner les virus saisonniers que ses élèves lui auront "refilé", tandis que l'enseignant expérimenté, lui, passera au moins la moitié de ses congés à faire la même chose. Au fil des ans, à partir de 50 ans, le professeur aura besoin aussi de congés maladie(s) pour récupérer avec des journées de plus en plus épuisantes, tellement l'écart d'énergie entre son âge et celui de ses élèves devient important.
Au 21e siècle, il devient difficile d'envisager vieillir dans ce métier au moins en école ou en collège, tellement les incivilités et l'indiscipline à ces âges rendent le quotidien pénible. De ce fait, la réforme des retraites avec un âge pivot fixé à 64 ans sera inatteignable pour la majorité des professeurs, qui soit partiront avec un malus en retraite, soit termineront massivement leur carrière en congés maladies.
En juillet 2013, la Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP) indiquait que les enseignants du 1er degré public déclarent travailler 44 heures par semaine en moyenne, avec une surcharge pour les nouveaux enseignants :
« Les plus jeunes enseignants déclarent un volume horaire moyen de 52 heures par semaine, soit 10 heures de plus que les autres enseignants. La différence intervient principalement sur les activités pédagogiques : 7 heures de plus en préparation, 1 heure en correction et 2 heures en documentation. Ce surinvestissement se fait, dans une certaine mesure, au détriment des activités avec la communauté éducative et des autres activités (2 heures de moins) ». Les enseignants du 2nd degré public, eux, déclarent travailler plus de 40 heures par semaine en moyenne, avec des différences : « Le temps de travail des enseignants varie selon leur corps d’appartenance : les professeurs certifiés déclarent 43 heures de travail hebdomadaire, les professeurs agrégés et les professeurs de lycée professionnel 39 heures, les professeurs d’éducation physique et sportive 37 heures 30. Il varie très peu en fonction de la discipline d’enseignement. (…) Les plus jeunes enseignants déclarent travailler plus de 45 heures par semaine ; cet investissement important en début de carrière marque le coût d’entrée dans le métier. Entre 30 et 40 ans, le temps de travail des enseignants tend à diminuer, surtout chez les femmes, accompagnant la présence de jeunes enfants dans leur ménage. Il croît à nouveau chez les professeurs les plus chevronnés, qui exercent plus souvent en lycée et dans des classes à examen. »
Le sentiment d’être débordé provient surtout des femmes, majoritaires dans l’enseignement. Elles sont 93% à enseigner en Ecole Maternelle, 78% en Ecole Primaire, et 57% en collège et lycée. Le fait de devoir se faire obéir en classe est mal vécu par celles qui, à la maison aussi, ont du mal à se faire obéir de leurs enfants. Elles se sentent en situation de double échec, ce qui affecte profondément leur estime d’elles mêmes :
Tous les témoignages que nous diffusons sont strictement anonymés, les prénoms changés. Ils proviennent des formulaires de contact que plus de 16.600 professeurs ont complété en nous contactant, et que nous avons ensuite conseillés bénévolement. Dans le cadre de témoignages relatifs à la santé, que nous ont confié les personnes sans que nous l'ayons demandé, nous avons renforcé cette anonymisation pour conserver la nature de leur souffrance au travail.
Alice, 37 ans, agrégée d’Histoire depuis 6 ans, se sentait constamment épuisée par son métier de professeur :
"Si je souhaite une réorientation professionnelle, c’est que j’ai le sentiment d’avoir fait le tour du métier d’enseignant. J’aime transmettre des connaissances et j’apprécie le contact avec les jeunes.
Mais entre la charge de travail considérable, particulièrement concentrée sur certaines périodes et la fatigue nerveuse que me crée la gestion des groupes d’adolescents, je me sens constamment épuisée. Je pense que l’énergie que j’investis à essayer de bien faire n’est pas toujours très bien employée. Je me lasse également des réformes et des changements de programmes. Le caractère répétitif et cyclique de cette activité me pèse également. J’ai l’impression que je ne suis pas à ma place devant une classe, et qu’ailleurs je serais plus épanouie et plus efficace."
Paule, 49 ans, était Institutrice depuis 30 ans à plein temps, et « en avait assez » :
"Depuis trois ans, j’éprouve une réelle lassitude, un manque de motivation certain, un ennui manifeste, mon métier n’est devenu qu’une tâche répétitive et sans intérêt. J’ai perdu le moteur, l’élément déclencheur qui me permettait de prendre du plaisir, je n’ai plus envie de monter des projets, plus envie de m’investir. Les causes viennent peut-être d’une trop grande stabilité (cela fait
plus de … ans que je suis dans la même école) mais surtout du délitement de l’esprit pédagogique de l’école de la république :
- d’une part, une hiérarchie pesante et tatillonne qui oblige à des évaluations permanentes, des étiquetages, des personnalisations, des tonnes de paperasses, de comptes-rendus, et des réunions pour ne rien dire,
- d’autre part, des parents consommateurs qui considèrent l’éducation nationale comme un supermarché dont ils seraient clients et auraient droit comme tels (eux et leurs enfants), à des remises, des services après vente, des crédits personnalisés.
J’en ai assez de prendre de plein fouet la contradiction de la société actuelle : d’un côté des technocrates déconnectés de la réalité, qui décident de rentabiliser un service public en diminuant les moyens tout en augmentant la tâche des enseignants par des bilans-paperasses qui fonctionnent comme un leurre, de l’autre des parents angoissés qui exigent une attention individuelle pour leur rejeton qui, lui, manque singulièrement de repères pour ses apprentissages. J’en ai
assez de jouer à l’assistante sociale pour intégrer des enfants dans une société que je ne cautionne pas."
Amandine, professeur des écoles, 36 ans, 6 ans d’ancienneté
Je souhaite quitter l'éducation nationale car :
- Je n'arrive pas à gérer le temps que j'investi dans ce travail (j'ai l'impression de travailler sans arrêt !). Je me suis épuisée à travailler trop ces dernières années, je suis même tombée en dépression il y a 2 ans et j'ai dû me mettre à mi-temps pour récupérer !
- Le travail en équipe me manque (on est quand même la plupart du temps seule dans sa classe)
- Ce travail me stresse beaucoup (agitation liée aux jeunes enfants, bruit, tension au sein de l'équipe de l'école...)
Je n'ai que mon petit salaire mais bon... Je suis prête à me serrer la ceinture.
Ariane, Professeur des écoles, 38 ans et 16 ans d’ancienneté, nous a contactés alors qu'elle se sentait épuisée par son métier :
"J'ai toujours voulu être "maîtresse" et surtout depuis le CM2. Personne ne m'en a dissuadé. La conseillère d'orientation du lycée ne m'a rien présenté d'autre comme métier puisque j'étais décidée.
Seulement après 16 années je suis épuisée par ce métier. Je n'en peux plus des problèmes avec les familles, des élèves difficiles qui nous mangent toute notre énergie positive et des mauvaises expériences avec ma hiérarchie m'ont dégoûtée du système. Je n'ai plus envie d'y participer même si l'acte d'enseigner ne me déplaît pas foncièrement et si la direction d'école me pèse moins que la classe. J'ai l'impression d'avoir fait le tour et je n'ai plus confiance dans les progrès possibles du système pour m'acharner à y rester.
Des épreuves personnelles m'ont aussi amenée à me questionner sur le sens de ma vie et je ne peux plus aujourd'hui rester sans agir. J'ai besoin de couper le cordon et de vivre autre chose.
J'ai déjà fait la démarche de demander une année de disponibilité pour prendre le temps de me reposer et mûrir mes projets mais cette demande a été rejetée il y a deux jours pour « nécessité de service ». Etant dans un département déficitaire, je crains de me voir refuser cette dispo chaque année. Me voici dans une impasse où les portes sont fermées. Je cherche la fenêtre qui pourrait s'ouvrir... J'ai 39 ans cet été. Je ne veux pas trop dépasser 40 ans pour engager ma reconversion".
Edith, Professeur d’Education Musicale en collège, 52 ans et 30 ans d’ancienneté, se sentait épuisée par ce métier, avec l'envie de le quitter au plus vite:
"J'étais passionnée par ce métier et j'ai grandi avec le désir de devenir enseignante. J'ai choisi l'éducation musicale afin de concilier ma passion avec ma vie professionnelle.
Mes 10 premières années ont été idylliques.
Puis insidieusement tout s'est dégradé. 10 ans de ZEP, enrichissants mais éprouvants . Avec une mutation dans une cité scolaire parisienne, j'ai voulu retrouver le plaisir d'enseigner que je perdais.... Mais les conditions de travail se sont dégradées comme pour beaucoup de mes collègues. Manque de reconnaissance, épuisement croissant puis chronique, surcharge de tâches diverses, impression de ne plus y arriver, chef d'établissement infantilisant et tyrannique ... Épisodes dépressifs, burn-out. Je suis en disponibilité depuis 2 ans.
Je n'ai plus la force, c'est un cauchemar."
Denise, Professeur des écoles, 42 ans et 18 ans d’ancienneté, se sentait en surcharge de travail en nous contactant :
"J’ai toujours souhaité exercer ce métier depuis l'enfance. 18 ans où je n'ai fait que m'améliorer, imaginer tester des nouvelles choses avec les enfants.
Réussir à "apprivoiser" l'enfant difficile, lui donner envie de revenir, les ateliers philo dès 4 ans pour les encourager à développer leur propre pensée, des projets en arts qui ont boosté leur créativité et leur "envie de faire" etc.
Tout ce qui m'a plu était au-delà de l'enseignement classique et verticale des simples apprentissages fondamentaux.
Depuis des années, je sentais en moi le désir d'aider mon prochain autrement, d'être un accompagnant "thérapeutique" ou "libérateur".
Le poids de la charge de travail personnel, la charge d'une classe de 30 élèves, et qu'on le veuille ou non les comptes à rendre à la hiérarchie ont fini d'éteindre la flamme pourtant si vive au départ.
Aujourd'hui je souhaite démissionner "proprement" malgré les sacrifices que cela implique."
Béatrice, 41 ans, enseignait à plein temps les Lettres Modernes depuis 3 ans, après un parcours dans le privé, et se sentait déjà au bout du rouleau :
"Devenue enseignante à 38 ans, après un parcours caractérisé par l’échec scolaire, je me rends à l’évidence : malgré de multiples activités et projets, un investissement certain, je suis épuisée par ces incessantes copies à corriger, ces petites croix du
socle de compétences à noter et ces sanctions à donner, ces bavardages, ces phrases rédigées dans une langue qui ne ressemble que de loin au français.
Toujours plus de droits pour les élèves, pas le droit d’aller prendre un carnet de correspondance dans un sac quand l’élève refuse de le donner, pas le droit de hausser le ton, pas le droit d’exclure, pas le droit d’être malade... Marre! Epuisée. Vidée."
Clotilde, Professeur des écoles, 37 ans et 10 ans d’ancienneté, a fait un "petit burn-out" et ne se voyait pas enseigner plus longtemps :
"Je suis devenue enseignante parce j'ai toujours aimé l'école. Elle a toujours été pour moi garante d'une sécurité intellectuelle et affective et de valeurs simples et essentielles (égalité des chances, curiosité intellectuelle, partage...). Mon père étant malade et ma mère travaillant pour deux, j'ai eu beaucoup de responsabilités très jeune au sein de ma famille et à l'école j'étais simplement une enfant, le cadre (devoirs, horaires, règles de vie...) me procurait une sécurité affective et mes professeurs ont valorisé mes compétences, m'ont donné confiance en moi et mon transmis le goût d'apprendre encore et toujours mais aussi une grande capacité de travail.
J'adore enseigner en CP, ce que je fais depuis 10 ans. J'aime mon école et mes collègues, les parents d'élèves me donnent leur confiance et coopèrent et voir progresser mes petits est un vrai plaisir.
Pourquoi m'interroger alors ?
Après un petit "burn-out" sans arrêt de travail, et suite à un aparté de notre ancienne inspectrice très humaine "vous ne tiendrez pas 30 ans comme ça"; j'ai remis ma vie en question et j'ai essayé de me montrer toujours aussi investie dans mon travail et auprès de mes petits élèves mais moins perfectionniste et je constate que je suis chaque année assommée de plus de charges administratives et de tâches demandées malgré mon expérience et la maîtrise de mon niveau."
Blandine, Professeur de Lettres modernes, 39 ans et 17 ans d’ancienneté, se sentait épuisée par le travail d'enseignante en nous contactant :
"Je suis devenue enseignante par passion pour ma discipline, les lettres.
Durant mon cursus à l'université mon besoin d'apprendre, d'approfondir, de transmettre, d'être en contact avec des jeunes, d'avoir une autonomie dans l'élaboration de mon travail, s'est confirmé. Puis durant les premières années de mon exercice, l'aspect conception pédagogique, mon intérêt pour la culture, l'interactivité avec les élèves ont porté mon intérêt et soutenu ma motivation. J'y ai également trouvé un rythme de vie laissant des espaces libres pour pouvoir avoir une vie personnelle riche.
Je me pose aujourd'hui la question de quitter l'éducation nationale car je me sens épuisée. Quand je regarde objectivement la situation, je vois une prof qui se démène pour peu d'efficacité selon moi et s'épuise. Mon métier me prend beaucoup plus d'énergie qu'il ne m'en apporte. Tout ce que je fais pour intéresser les élèves, je le fais aussi pour moi afin de trouver des moyens de continuer à avoir du plaisir à enseigner. Cela marche...mais je cale régulièrement ! Je me sens souvent limitée, bloquée dans une classe face à des élèves dont le comportement génère en moi des frustrations. Les TICE, le travail en groupe, la coopération, la communication respectueuse que je mets en place conduisent bien souvent à de l'amusement chez les élèves. Je me sens seule dans ce métier.
Je n'ai pas réussi pour l'instant à trouver une collègue avec qui collaborer pour renouveler ma pratique et échanger. Et je n'en peux plus de la posture " frontale" : la gestion de classe perpétuelle ne me convient pas.
Mes 12 ans en lycée « haute violence » m'ont épuisée : conflits répétés avec les élèves, irrespect quotidien au sein de la classe, agressivité entre eux puis entre collègues les dernières années, collègues qui râlent, force d'inertie incroyable du système, manque de soutien administratif...
J'ai enfin obtenu une mutation il y a trois ans, cela a relancé ma motivation mais avec la réforme, cela fait trois ans que je refais tout mon programme ! Je n'avais jamais exercé en collège auparavant. J'ai eu une inspection cette année dithyrambique, cette reconnaissance et valorisation me font beaucoup de bien mais … quelles perspectives au final au sein de l'éducation ? Etre maître de stage comme l'inspecteur me le propose ? C’est tout ?"
Florence, professeur d’anglais en collège, 42 ans, 14 ans d’ancienneté, a été accompagnée vers une disponibilité, le temps de prendre du recul.
Je souhaite arrêter d'enseigner car je n'ai plus de plaisir ni d'envie à faire ce métier.
L'année dernière, je n'ai pas pu suivre de formation continue à cause de la formation imposée par la mise en place des EPI. Cela me frustre.
Je dois enseigner l'Anglais à des élèves de SEGPA qui pensent que cela ne leur sert à rien et d'ailleurs est-ce que cela a du sens ?
Je me pose souvent la question du sens de ce que je fais. Le retour sur investissement des préparations de cours est mauvais. Je crois que je n'ai plus envie de travailler avec des adolescents en groupe. Des adolescents contraints d'être là et qui le font souvent sentir.
Je suis tendue et stressée. Je me force et cela est délétère pour ma santé, ma joie de vivre.
J'ai aimé ce métier, je l'ai fait avec beaucoup (trop) d'énergie. Il ne me satisfait plus. Je ressens le besoin d'être accompagnée en tant que professeur désirant me reconvertir.
J'hésite entre disponibilité et démission.
Emma, Professeur des écoles, 39 ans et 15 ans d’ancienneté, se sentait surchargée de travail, et en manque de liberté d'action :
"Je suis devenue enseignante car j'ai toujours voulu l'être même si au départ je pensais plus être professeur de sport. Mais je me suis aperçue que cette matière finalement ne correspondait pas à mes attentes. J'aime faire du sport ce qui n'a rien à voir avec l'enseigner. C'est en parlant avec mes professeurs qu'ils m'ont conseillé de m'orienter vers le primaire.
A présent, je souhaite quitter l'enseignement car je m'ennuie en classe. Cela manque de dynamisme. Le travail d'équipe est une valeur importante à mes yeux. Par contre mon envie de transmettre et de partager avec les enfants est toujours aussi intact. Mais j'ai besoin de plus de liberté et de me détacher du carcan des programmes.
Le travail pesant de la correction, des évaluations, ne me motive pas du tout. Je préférerai m'orienter vers une activité de partage simple. De plus il est vrai que j'ai de plus en plus de mal à mettre du sens sur le côté institutionnel et pourtant c'est à nous que les parents demandent des explications. Bref j'aurai aimé être enseignante dans une structure plus libre (si en ZEP on doit se justifier de tout d'un point de vue juridique ce qui est pénible aussi, on est plus libre et plus solidaire d'un point de vue pédagogique)."
Juliette, jeune professeur des écoles, 23 ans, 3 mois d’ancienneté, saturait, débordée de travail
Je veux quitter la maison de l'EN simplement parce que je sature, que je ne vis plus, que je n'aime pas vraiment beaucoup ce métier et que je me rends malade d'aller travailler.
Préparer la classe n'est pas une tâche assez claire dans mon esprit, je me perds beaucoup trop. Je prépare trop pour pas assez de résultats. Je me sens inutile, en tant que PE vis-à-vis de ces enfants. Je joue un rôle trop difficile à vivre réellement ... je sature énormément.
Plus la route, la fac en mi-temps, les weeks-ends passés à préparer, les vacances à préparer.. tout me semble trop. Je ne veux pas vivre pour bosser, mais bosser pour vivre.
Elisabeth, professeur des écoles, 37 ans, 8 ans de métier, se sentait surchargée, cela affectait sa santé
Quitter l'enseignement ne me semblait pas imaginable il y a encore 2 ans. Mais je ne me sens plus à ma place dans une école auprès d'enfants. Mon état de santé se dégrade, psychologiquement parlant. J'aimerais pouvoir continuer à apporter des connaissances aux autres. J'aimerais pouvoir m'épanouir. J'aimerais pouvoir avoir un métier qui ne dégraderait pas ma santé. La première étape, selon moi, serait de passer un bilan de compétences.
Quitter l'enseignement, oui, mais pour quoi faire? Que peut-on devenir après quelques années dans l'enseignement?
Hélène, Professeur des écoles, 44 ans et 17 ans d’ancienneté, souffrait trop dans son métier, en burn-out et préférait partir avant que ce métier la détruise:
"Je suis devenue enseignante puisque ma formation en sciences de l'éducation m'a ouvert assez facile tous ses portes et pourtant, je ne voulais surtout pas être enseignante à la base.
Je me suis dit en y entrant de façon définitive que cela durerait quelques années puis je me reconvertirais. Au final, je suis restée un certain nombre d'années. Mais là je suis à bout, je crois que je suis en situation de burn-out et je ne veux plus de ce métier. J'ai beaucoup souffert dans ce métier à certaines périodes et là actuellement je souffre et j'en suis arrivée à un point de rupture.
Je m'imagine dans un métier qui me convienne davantage. J'aspire dans les années futures à être plus sereine et plus épanouie grâce à une nouvelle activité professionnelle et où je sois reconnue comme compétente.
Ce métier d'enseignante m'a abîmée et m'a coupée du monde du fait du travail personnel qui ne prend jamais fin et du fait de mon mal-être et cette impression d'être une « impostrice » dans ce métier. Je n'ai jamais vraiment réussi à faire ma place et à être reconnue comme professionnelle. Et là je n'en peux plus et je n’en veux plus de ce métier.
Il faut que je réussisse à me reconvertir en ne me trompant pas cette fois-ci sur la voie professionnelle à suivre. Il faut que je franchisse le pas car je me dis que dans quelques années, cela sera trop tard. Si je reste dans l'enseignement, ce métier me détruira et je finirai par tomber véritablement malade."
Fanny, ex-professeur de Biochimie, 30 ans, 5 ans d’ancienneté, avait le sentiment que ce métier rongeait sa vie de famille
Je voulais du temps pour ma vie de famille.
Je veux quitter le métier car Je n'ai aucun Temps pour ma vie de famille car je dois travailler le soir et les week-end. Je fais même garder mon enfant 1 semaine pendant chaque vacances scolaires pour travailler.
L'investissement est trop important et le retour insuffisant que ce soit niveau paie, reconnaissance sociale ou autre.
Je m'imagine en tant que salariée du privé dans les métiers du digital Avec un poste dont les compétences créatives et design sont importantes. Mon objectif est de réussir à démissionner, avoir droit de m'inscrire à pôle emploi , toucher l'ARE pour me permettre de reprendre une formation financée par pôle emploi.
Coralie, 39 ans, était Professeur des Écoles depuis 16 ans et « recraque » pour la seconde fois lorsqu'elle décide de nous contacter :
"J’enseigne depuis 16 ans dans une école primaire. Je recraque. Je pense à démissionner mais je ne sais pas quel autre métier faire. J’ai déjà fait un bilan de compétences mais qui n’a pas été très concluant. Je suis à bout, écrasée par la charge de travail, je ne veux plus faire la discipline, je ne supporte plus le bruit, je n’ai plus de patience. Je ne veux plus aller à l’école !!!!
Je ne sais pas où trouver de l’aide, et je commence aussi à me sentir en difficulté avec mes propres enfants, qui ressentent mon exaspération quotidienne, car je suis beaucoup moins patiente avec eux depuis quelques temps. Si vous avez une piste autre que la clinique et les antidépresseurs, je prends !"
Tiphaine, Professeur d’Arts appliqués, 35 ans, 8 ans d’ancienneté, avait le sentiment, déjà, d'avoir trop donné
Après m'être épuisée à vouloir innover au sein de classes d'élèves démolis par le système, n'ayant jamais cru aux pratiques éducatives actuelles ni aux ambitions de l'Education Nationale, je souhaite désormais quitter l'enseignement public pour évoluer de manière plus libre et développer ma créativité à travers l'auto-entrepreneuriat.
Maintenant je souhaite juste démissionner ou obtenir une disponibilité ou obtenir un congé parental pour me libérer le temps nécessaire afin de pouvoir préciser mon projet.
Marianne, professeur des écoles 47 ans, 25 ans d’ancienneté, se sent "grillée"
Je pense avoir énormément donné dans mon travail et me sens "grillée", comme si j'avais justement trop donné. J'ai beaucoup moins de patience, je m'agace facilement. Je ne me sens plus en phase avec les attentes actuelles : que ce soit celles de certains parents trop "consommateurs" à mon avis sans vraiment assumer leur rôle, ou celles de l'administration.
La valse des nouveaux programmes, projets, suivis administratifs font plus que me peser et bien que j'effectue ces tâches, c'est à reculons, j'y perds trop d'énergie au détriment de l'enseignement en lui-même et de ma vie personnelle.
Je trouve aussi que le niveau scolaire baisse très rapidement et bien que m'adaptant à ce fait, j'ai du mal à l'accepter. Dans une classe on doit faire face à une multitude d'individualités et répondre à chaque difficulté, personnalité, profil...c'est presque de l'enseignement "à la carte". Autant une certaine diversité a été une richesse et une force pendant des années, autant cela commence à devenir "ingérable" pour moi.
J'ai 47 ans et ne me vois pas du tout enseigner encore 15 ans... je me sens "déphasée", plus à ma place. Je veux essayer de me reconvertir tant que j'en ai encore la force, la capacité.
Marie-Noëlle, 25 ans, venait d’être titularisée certifiée d’Anglais et exerçait en Titulaire sur Zone de Remplacement (TZR) lorsqu'elle nous a contactés. Elle se sentait submergée par la quantité de travail à fournir :
"J’ai effectué mon année de stage au collège X et j’ai été mutée cette année au collège Y en tant que TZR. À l’heure actuelle, je suis en arrêt maladie car je n’arrive plus à faire face aux élèves (à l’agressivité de certains) et je me sens submergée par la quantité de travail à fournir. Je pense à prendre une disponibilité pour avoir le temps de réfléchir à une éventuelle reconversion et m’occuper de mes enfants qui ne sont pas faciles non plus."
CES TEMOIGNAGES SONT UN ECHANTILLON, NON EXHAUSTIF
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