Le sentiment d’avoir fait le tour de son métier pour l’enseignant engendre lassitude, désillusions, amertume, découragement, démotivation, déprimes…
Si le professeur n'a pas su s'adapter aux évolutions de son métier, il ressentira un décalage croissant avec son public, contribuant à le démoraliser.
A partir de 55-60 ans, parfois avant en cas de soucis de santé physiques ou psychologiques, l’énergie est moins importante, l’enseignant devient moins patient, plus aisément fatigable, irritable, dans un contexte qui entraîne de multiples facteurs de stress qui génèrent des risques psycho-sociaux importants. Le système n'a pas assez anticipé les fins de carrière des professeurs, puisqu'en 2011 la Cessation Progressive d'Activité (CPA) qui permettait de continuer d'être payé à plein temps en réduisant son temps d'enseignement, a été supprimée. Avec l'allongement des carrières, les professeurs souffrent, et ils sont plus nombreux à prendre des congés de longue maladie. Il semble illusoire de penser que la majorité des professeurs pourra enseigner au-delà de 62 ans, âge légal actuel, alors qu'il y a une dizaine d'années, les instituteurs pouvaient encore partir à 55 ans.
Les plus mal lotis de l'enseignement sont les professeurs des écoles. Plus des 2/3 souffrent après 50 ans de troubles-musculo-squelettiques (TMS) à force de s'être penchés toute leur carrière "vers les petites chaises, les petites tables, les petits élèves". Cet aspect est totalement négligé par les politiques publiques, puisqu'il fait partie intégrante du métier de professeur de la Maternelle au CM2. Professeur des écoles à 60, 65 ans ? Beaucoup partiront avant, amputant leur pension de retraite des années qui comptent le plus financièrement dans le taux de remplacement de leur salaire.
Les professeurs de collège, eux aussi, souffrent bien plus que les professeurs de lycée. Les élèves d'aujourd'hui sont souvent indisciplinés, leur degré d'attention continu est de plus en plus court, et passé 55-60 ans, enseigner devient épuisant. Les professeurs de lycée enseignent à des élèves logiquement plus responsables, adultes, et la pénibilité de l'âge se ressent après 60 ans. Aucun professeur ne s'imagine devant ses élèves entre 62 et 69 ans. Seuls les professeurs d'université, qui peuvent facilement demander à l'étudiant bruyant de sortir de leur cours, peuvent se le permettre.
La pénibilité physique est très présente en Éducation
Physique et Sportive (EPS) puisque 78% déclarent des soucis de santé sur l’année, d’après le rapport du Carrefour Santé-Social du 30 janvier 2012 (ci-dessous en téléchargement si le lien n'est plus valide) né d’une enquête de 2011 auprès de 5.000 enseignants portant sur les risques psychosociaux.
Cette enquête montre que 14% des enseignants sont en épuisement professionnel (burnout), que 24% vivent quotidiennement des tensions au travail. Les professeurs des écoles sont souvent affectés par des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) à force de se pencher des dizaines de fois par jour « vers les petites tables, les petites chaises, les petits élèves », nombreux étant les professeurs des écoles qui contactent Aide aux Profs à l’exprimer de cette manière.
L’allongement des carrières au fil des réformes sur les retraites pénalise fortement ces enseignants, qui n’ont que deux choix :
- « Tenir » jusqu’au bout, en mobilisant chaque année les trois mois de congé de maladie ordinaire qui ne les pénalisent pas financièrement ;
- Partir avant l’heure en retraite, en sacrifiant le taux de leur revenu de remplacement, puisque ce sont les cinq dernières années qui comptent le plus (5% chacune). Avec une carrière allongée à 43 ans voire 44 ans, depuis la réforme de 2013, les enseignants souffrent de plus en plus au travail à partir de 60 ans, alors que bon nombre de fonctionnaires bénéficient de régimes particuliers qui leur permettent de partir dès 55 ans.
En 2012, 0.9% seulement des enseignants du 1er degré et 4.8% des enseignants du 2nd degré en activité avaient plus de 60 ans. Alors qu’en 2012 à peine 6% de tous les enseignants de plus de 60 ans poursuivaient leur activité devant élèves, la dernière grande réforme des retraites de l’automne 2013 a changé considérablement la donne, avec des carrières de 41.5 à 44 ans alors que l’entrée dans le métier avec un Master s’effectue vers 24 à 27 ans (en cas d’échecs successifs au concours).
Avec la réforme transmise à l'Assemblée Nationale par le Gouvernement d'Edouard Philippe au cours printemps 2020, la majorité des enseignants devrait prolonger son activité devant élèves jusqu’à 67 à 71 ans pour espérer un revenu de remplacement à taux plein (mais le système à points envisagé leur est bien moins favorable que le système actuel qui tient compte du salaire de leurs 6 derniers mois en poste avec un taux maxi sans enfants de 70-75% du dernier salaire brut, rares sont ceux à l'atteindre, hors primes, de toute façon très faibles pour les enseignants), soit 7 à 10 ans d’activité de plus que leurs aînés.)
L’allongement de l’espérance de vie les gardera-t-il pour autant en bonne santé à cet âge ?
Les témoignages qui nous parviennent concordent sur ces points :
Le pouvoir d’achat de l’enseignant commence à stagner entre 50 et 55 ans, et l’accès à la hors classe et à la classe exceptionnelle demeure encore faible, beaucoup de professeurs ne les atteindront pas. Il leur reste donc 10 à 12 ans d’enseignement, sans surprise, sans augmentation de salaire, et c’est donc à une dévalorisation progressive auquel l’enseignant assiste, en ressentant, pour ceux qui ne l’ont pas vécu plus précocement, un ras-le-bol pour son métier qui ne le valorise pas à la hauteur de ses aspirations ni de son investissement. Ceux qui alourdissent leur temps de travail par des activités péri-éducatives ou par des heures supplémentaires ressentent en fin de carrière une fatigue nettement accrue par rapport à leurs collègues."
CES TEMOIGNAGES SONT UN ECHANTILLON, NON EXHAUSTIF
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Pour comprendre AVANT, si ce métier conviendra à votre tempérament